Le 19 mars, le maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, membre du principal parti d’opposition à Erdogan, le Parti républicain du peuple (CHP), kémaliste et rival du chef de l’État, a été arrêté par la police turque. La veille, l’université d’Istanbul avait retiré au maire son diplôme, ce qui l’empêche de candidater aux prochaines élections présidentielles. En vertu de la Constitution turque, les candidats à la présidence doivent en effet être titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur.
Les deux attaques arrivent alors que le parti d’opposition s’apprêtait à designer le populaire maire d’Istanbul comme son candidat pour défier le président Erdogan lors des élections présidentielles de 2028. Depuis, les étudiants turcs sont descendus dans la rue contre cette nouvelle dérive autoritaire du président Erdogan, au pouvoir depuis 2003. C’est le plus gros mouvement contre le pouvoir turc depuis dix ans.
Près de 2000 personnes ont été arrêtées, dont des étudiants, des journalistes et l’avocat du maire d’Istanbul, le 28 mars.
« Je n’ai pas connu d’autre président depuis que j’ai deux ans »
Irem, 25 ans, étudiante en droit à Istanbul, était dans la rue dès les premiers jours de la contestation. « Le gouvernement fait des choses très anti-démocratiques depuis longtemps. Quand la possibilité d’élections s’est rapprochée, nous savions que le président allait avoir peur. On s’attendait donc à ce qu’il fasse quelque chose pour éviter de perdre les élections, dit-elle. Moi, je n’ai pas connu d’autre président depuis que j’ai deux ans. Je suis descendue dans la rue contre l’arrestation d’İmamoğlu mais aussi contre toutes les actions…
Auteur: Rachel Knaebel