Enfants et pollution de l'air : « Les plus aisés s'en sortiront, pas les pauvres »

Reportage à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)

Naïma et ses camarades de classe, hauts comme trois pommes, caracolent vers la sortie de l’école maternelle du groupe scolaire Pleyel-Anatole France, à Saint-Denis, au nord de Paris. « Naïma ! » Les yeux de la petite fille s’illuminent quand elle entrevoit sa mère, une paume sur une poussette, l’autre qui lui tend un biscuit chocolaté. Elle se dandine en faisant bouger son cartable, plus large qu’elle, tandis que son institutrice la regarde s’éloigner. « Vroom, vroom », mime soudain Naïma. C’est que, à quelque 50 mètres des bambins, des engins de chantier s’activent.

Ces machines entament la construction d’un échangeur autoroutier, censé desservir le futur « Village des athlètes », qui concourront lors des Jeux olympiques de 2024, à Paris. Un dessein que n’accepte pas Hamid Ouïdir, membre de la Fédération des conseils de parents d’élèves du 93 (FCPE 93) : « Le quartier est déjà envahi de voitures, mais comme si cela ne suffisait pas, deux nouvelles bretelles d’insertion et de sortie de l’A86 vont être construites. Le groupe scolaire et ses 700 élèves de maternelle et de primaire seront pris en étau au milieu des voitures. »

L’échangeur autoroutier prévu autour des écoles Pleyel-Anatole France, à Saint-Denis. © Tommy dessine/Reporterre

Cette proximité accrue avec la fumée des pots d’échappement peut potentiellement empoisonner l’avenir de ces enfants, dont l’école est le second lieu le plus fréquenté après le domicile familial. C’est l’un des enseignements du rapport « De l’injustice sociale dans l’air : pauvreté des enfants et pollution de l’air », publié ce jeudi 14 octobre par le Réseau Action Climat (RAC) et Unicef France.

Les deux organisations montrent qu’en France, plus de 3 enfants sur 4 respirent un air pollué, en particulier à cause du trafic routier, responsable en moyenne de 63 % des émissions d’oxydes d’azote (NOx) et de 18 % des émissions de particules fines (PM2.5). Or, « leur jeune âge implique que leurs défenses naturelles sont moins développées, avec des barrières protectrices vis-à-vis de l’environnement plus perméables et un système immunitaire encore immature », dit à Reporterre Séverine Deguen, enseignante-chercheuse en biostatistiques et épidémiologie environnementale à l’EHESP, l’une des autrices du rapport.

Une exposition trop importante à la pollution de l’air, principalement au cours des 1 000 premiers jours de la vie d’un…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre