Enseigner les langues autrement : ce que l’exemple des Pays-Bas nous apprend

S’il est régulièrement question, en France, de transformer l’enseignement pour mieux répondre aux enjeux actuels, cette préoccupation, dans un monde en plein mouvement, ne se cantonne pas à l’Hexagone, loin de là.

Aux Pays-Bas, par exemple, même s’il a déjà été question en 1968 d’une grande réforme sur l’éducation touchant aussi bien au contenu des programmes qu’aux examens, les cours actuels sont considérés comme ne préparant plus assez bien les élèves au monde moderne. Les épreuves du baccalauréat ne testeraient pas les compétences et connaissances réelles des élèves mais plutôt leur capacité à stratégiquement répondre à des questions QCM.

C’est particulièrement vrai pour les langues vivantes comme le français où l’examen final – un exercice de compréhension écrite – fait l’objet tous les ans de centaines de plaintes des élèves qui le trouvent trop difficile ou trop ambigu.




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L’enseignement du français aux Pays-Bas, obligatoire de la sixième à la troisième, est actuellement sous pression : de moins en moins d’élèves choisissent cette matière au lycée et de moins en moins de jeunes s’orientent vers cette spécialité universitaire peu importe leurs objectifs professionnels. C’est dans ce contexte que les acteurs de l’éducation aux Pays-Bas se demandent si certaines méthodes sont plus efficaces que d’autres, ou, du moins, comment certaines méthodes permettent de mieux répondre aux besoins des élèves, avec l’aide des chercheurs. Soutenue par l’équipe Language Learning à l’Université de Groningen – au nord-est du pays – une approche basée sur l’usage a fait son chemin.

Le cas spécifique des Pays-Bas

Si, comme dans beaucoup d’autres pays, l’anglais prend une place importante dans l’environnement des élèves, avec des occasions presque quotidiennes de le pratiquer, la présence du français dans le paysage néerlandais est limitée. Peu de situations en dehors de la salle de classe permettent des pratiques sociales dans cette langue comme le soulignent Marije Michel, Christine Vidon, Rick de Graaff et Wander Lowie, quatre chercheurs et chercheuses néerlandaises.

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Cette situation est en contraste fort avec le fait que le français dispose d’un statut de langue voisine impliquant des intérêts économiques majeurs, 40 millions d’euros par an pour les affaires franco-néerlandaises, soutenus par de nombreuses institutions (Institut français, CCI France Pays-Bas, etc.). Néanmoins, malgré cette situation favorable sur le plan professionnel à l’étude de cette langue, Marjolijn Voogel signale que la perception de l’importance de parler français aux Pays-Bas est toujours en déclin, surtout suite aux réformes à la fin des années 1990. Aussi, moins d’élèves choisissent le français au lycée et le niveau global n’est plus satisfaisant au regard du faible niveau atteint au bout de 6 ans de français à l’école pour Wim Gombert, chercheur en linguistique appliquée.




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Ces résultats, similaires à ce que l’on retrouve en France dans l’enseignement des langues étrangères, sont à rapprocher d’un environnement pauvre en occasions de se confronter régulièrement à la langue et de méthodes pédagogiques surtout basées sur les structures de la langue, la grammaire et la traduction plutôt que sur l’usage. Même en classe de langues, on parle peu la langue cible comme le remarquent Lynne West et Marjolijn Verspoor alors même que les enseignants se mobilisent régulièrement pour moderniser leurs cours, organiser des voyages ou utiliser les technologies numériques.

Face à cette situation, une des initiatives a été le développement et surtout la mise en œuvre de plusieurs méthodes (AIM) en primaire et au collègue (dans environ 100 établissements) mais également au lycée (AIMe) (environ quatre établissements) et enfin à l’Université de Groningue (une université).

Un accès à la langue en dehors de la classe

Les méthodes utilisées sont toutes inspirées de recherches…

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Auteur: Grégory Miras, Professeur des Universités en didactique des langues, Université de Lorraine