Entre climat et fin du pétrole, l'humanité est prise en étau

Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project, et Hortense Chauvin, journaliste à Reporterre ont publié début septembre Pétrole, le déclin est proche au Seuil dans la collection Reporterre. Nous en avons publié les bonnes feuilles ici.


L’humanité n’est pas dos au mur, elle est prise dans un étau. En effet, le climat n’est pas la seule (et excellente) raison de mettre d’urgence en œuvre, partout dans le monde, des politiques cohérentes de sortie du pétrole et des autres énergies fossiles. Il existe une seconde raison, jusqu’ici peu documentée, mal comprise, car couverte par le secret commercial voire par le secret d’État. Cette seconde raison, c’est le déclin des réserves mondiales de pétrole.

Dans Pétrole, le déclin est proche, nous présentons le diagnostic d’une maladie ignorée du grand public, mais connue depuis longtemps des compagnies pétrolières :

  • les découvertes annuelles de pétrole « conventionnel », le pétrole liquide classique qui fournit les trois quarts de la production de brut, déclinent depuis les années soixante, malgré les progrès techniques et les centaines de milliards encore dépensés chaque année dans la recherche des hydrocarbures ;
  • depuis le milieu des années 1980, le pétrole est extrait plus vite qu’il n’est découvert, et l’écart ne cesse de se creuser ;
  • par conséquent, le montant des réserves dites « prouvées ou probables » tend à décliner depuis ces mêmes années 1980, en dépit de la découverte depuis des réserves de « pétrole de schiste », principale forme de pétrole « non conventionnel ».

La production de tout stock limité, qu’il s’agisse de pétrole ou de n’importe quelle autre denrée présente sur Terre en quantité finie, part de zéro, croît, passe à un moment donné par un maximum — un « pic » ou un « plateau » —, puis finit par décliner jusqu’à revenir à zéro. Le pic de production du pétrole conventionnel a été franchi en 2008, a confirmé depuis à plusieurs reprises l’Agence internationale de l’énergie. Un peu plus de la moitié de la production des champs pétroliers de la planète, qu’il s’agisse de pétrole conventionnel ou non conventionnel, est dite « mature », c’est-à-dire qu’elle ne peut que décliner à plus ou moins brève échéance, faute de réserves suffisantes encore intactes. Le phénomène atteint désormais une ampleur telle qu’il faudrait que soit mis en production d’ici à 2030 l’équivalent du tiers de la production totale actuelle – autant que la…

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Auteur: Hortense Chauvin Reporterre