Entre géopolitique et changement climatique, la Crimée lutte pour l'accès à l'eau

  • Simferopol et Bakhtchissaraï (Crimée), reportage

À quelques kilomètres au sud-est de Simferopol, la capitale de la Crimée, un immense lac artificiel de 35 millions de mètres cubes est presque vide. Le niveau de l’eau est tellement descendu qu’il faut parcourir des centaines de mètres pour atteindre sa surface. Une situation dramatique pour les 330.000 habitants de la ville, qui en dépendent.

Depuis le début de l’année, la péninsule de Crimée fait face à une sécheresse sans précédent. Les deux zones les plus touchées sont les régions de Simferopol et de Bakhtchissaraï. « Les réservoirs artificiels de Crimée sont remplis en moyenne à 15 % de leur capacité. On est largement sous le seuil critique de 30 % », souligne Grigory Prokopov, maître de conférences à l’Université fédérale de Crimée, spécialiste en hydrogéologie.


Le lac artificiel de Simferopol s’étend sur près de 5 km de long. Début novembre, ses réserves étaient estimées à moins de 5 millions de m3 d’eau sur un volume total de conception de 35 millions.

Face à l’aggravation du problème, des mesures ont été prises en urgence comme le forage de nouveaux puits ou la construction, durant l’été, d’une conduite pour transférer de l’eau du réservoir de la région voisine de Belogorsk vers celui de Simferopol. La ville a également limité l’approvisionnement en eau dans certains quartiers à quelques heures, matin et soir, et installé d’énormes cuves en plastique bleu remplies d’eau potable dans les zones sensibles : hôpitaux, écoles, jardins d’enfants, quartiers résidentiels…

Non seulement l’eau manque, mais sa qualité se détériore. Svetlana Nicolaïevna vit dans un immeuble de la rue du Maréchal Joukov, à Simferopol. Dans sa cuisine, elle conserve des prélèvements d’eau qu’elle a réalisés récemment : leur couleur va du beige au orange foncé. « Nos réseaux sont tellement vieux et en mauvais état que…

Auteur: Estelle Levresse Reporterre
La suite est à lire sur: reporterre.net