J’étudie les tatouages en France depuis 2019 – c’est l’un des grands thèmes de ma thèse de doctorat en études anglophones – et comme l’anglais est ma langue maternelle, je passe mes journées à observer la peau des Français autour de moi, cherchant les mots encrés sur leur corps. Selon le reporter Aurélien Colly, dans un podcast de Radio France, en 2010, 10 % des Français étaient tatoués ; ils étaient 18 % en 2018, et sont désormais 20 %.
Les tatouages peuvent être considérés comme une forme de mode, et comme pour les modes vestimentaires, certaines tendances vont et viennent. Alors que les lettrages tendance ont longtemps été dominés par les écritures asiatiques, j’avance l’idée qu’aujourd’hui, ils sont détrônés par les tatouages en anglais. On pourrait y voir la simple continuité de l’histoire d’amour historique et culturelle entre le monde anglophone et la France.
Pour les besoins de ma thèse, j’ai publié un sondage sur les réseaux sociaux, auquel 1452 Français ont répondu ; 602 personnes ont indiqué qu’elles avaient choisi un mot, une phrase ou plusieurs pour leurs tatouages ; ces tatouages s’impriment sur les corps en plus de 19 langues, y compris l’anglais (en tout, 826 tatouages de lettrage figurent dans l’étude).
Raconter sa vie
Les tatouages qui contiennent un lettrage peuvent être considérés comme des « caractères biographiques » racontant la vie, les avis, et les sentiments des porteurs. Par exemple, selon une étude menée en 2019, des femmes atteintes du cancer du sein ou de l’endométriose portent des tatouages pour deux raisons : pour se situer dans la communauté des femmes atteintes d’une de ces maladies et pour représenter leur lutte contre la maladie ou la souffrance qu’elle engendre. Pour établir les thèmes présentes dans cette étude, nous avons suivi les méthodes de la théorie ancrée (grounded theory) qui consiste à partir d’une…
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Auteur: Jeni Peake, English teacher (PhD in English studies), Université de Bordeaux