Entretien avec Aclin

Après avoir sorti l’an dernier ses belles Avant-dernières chansons, Aclin, chansonnier et compositeur, passe cette année du piano à l’orchestre numérique et de l’urbain au rural avec un nouvel EP intitulé Sous les éoliennes. L’occasion d’une rencontre pour discuter de sa musique, à mi-chemin entre Bach, Radiohead et Léo Ferré, que l’artiste définit comme « une humble tentative de réappropriation » visant à « arracher aux griffes des réactionnaires le thème de l’ancrage, arracher à celles d’Hollywood le monopole de l’héroïsme ».

Selon certains dictionnaires, le mot « aclin » vient du latin acclinare et signifie « incliné, penché, soumis, attaché, dévoué ». Est-ce le sens que tu donnes à ce mot ?
Non, pas vraiment, même si c’est drôle. Ce nom « Aclin », on l’a inventé avec des ami.e.s. Presque au hasard. On a pioché des lettres dans le pseudonyme de l’une d’entre nous et on en fait un nom nouveau. C’est une anagramme incomplète, en quelque sorte !
Pourquoi faire de la musique plutôt que rien ?
Je ne sais pas si je raisonne en ces termes. Ce qu’il y a de bien avec la musique, c’est qu’on a jamais besoin de se poser cette question, non ? J’aime la musique mais si je devais expliquer pourquoi j’en fais, ce serait aussi difficile que d’expliquer ce qu’est la couleur « bleu » ou la couleur « jaune ». Je me sens vivant quand je chante, c’est une raison qui me suffit.
Que raconte ton nouvel EP, Sous les éoliennes ? Pourquoi avoir changé de mode de composition, en passant d’un duo piano/voix à une instrumentation plus complète ?
Je dirais que les trois chansons de cet EP parlent chacune à leur manière de l’ancrage. La première,« Le village » , raconte l’histoire d’un groupe de gens qui viennent rebâtir un village émergé après l’effondrement d’un barrage, et décident d’y vivre. La dernière, « Quelque part » est au contraire une chanson de la déterritorialisation. Elle évoque, dans un mouvement frénétique et tournant sur lui-même, la marche du progrès et de l’effondrement. Après une apocalypse de cartoon, vers la fin de la chanson, subsiste comme un tas de ruines ce « quelque part », cet incompressible espace de liberté « qui peut être n’importe où » et sur lequel aucun pouvoir n’a de prise. Enfin la chanson du milieu, « Sous les éoliennes », parle du néoruralisme. Le…

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Auteur: lundimatin