Entretien avec René Schérer

A la suite de cette polémique, nous publiions en octobre dernier un article intitulé Le système de l’enfance, montrant que la pensée de Guy Hocquenghem, et de René Schérer, son compagnon puis son ami, avec qui il a co-écrit Co-ire, ouvrage dont quelques extraits décontextualisés sont aujourd’hui cités à charge, ne relevait pas de la défense des abus commis par des adultes sur des enfants, mais d’une réflexion sur la production historique de l’enfance.

Quelques semaines après la publication de cet article, René Schérer, aujourd’hui âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, nous a reçu chez lui, et a accepté de revenir pour nous sur les cinq ouvrages consacrés à l’enfance qu’il a publiés entre 1974 et 1979, et qui se situent tous dans une critique du panoptique de l’enfance, à savoir la surveillance omniprésente des enfants associée à la négation de leurs désirs. Alors que l’opération de l’extrême-droite puis d’un certain féminisme aura été de prétendre que ces travaux philosophiques visaient à justifier l’emprise et les violences sexuelles commises par des adultes sur des enfants, René Schérer explique de nouveau qu’il s’agit au contraire de penser la libération de l’enfance des carcans adultes. Dans notre article publié en octobre dernier, nous affirmions que « Guy Hocquenghem et René Schérer sont les élaborateurs d’une pensée puissante et complexe du système de l’enfance, pensée qui, sans que nous puissions exactement la faire nôtre quarante années plus tard, mérite d’être connue. » En revenant notamment sur l’influence exercée par mai 68, le féminisme, le mouvement homosexuel et l’antipsychiatrie, cet entretien permettra, nous l’espérons, de mieux connaître l’élaboration théorique de René Schérer à propos de l’enfance, et de situer cette réflexion dans l’histoire des luttes et des idées révolutionnaires.

Comme vous le savez, une polémique a émergé à partir de cet été 2020 à propos des écrits de Guy Hocquenghem sur l’enfance – et aussi des vôtres – et la plaque lui rendant hommage, apposée à l’endroit où il avait habité, a été retirée suite à une campagne menée notamment par certaines militantes féministes, l’accusant d’être « pro-pédophile », voire pédophile lui-même…Oui… La plaque était au 45 rue de Plaisance. Il a logé ailleurs également mais il a logé là pendant longtemps. Il avait une chambre lui appartenant dans une habitation communautaire. Je ne sais pas s’il fallait apposer une plaque, mais…

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Auteur: lundimatin