Entretien avec Trou noir, la revue de la dissidence sexuelle

Depuis janvier 2020, Trou Noir, la « revue en ligne de la dissidence sexuelle », propose chaque mois à travers ses articles, d’explorer la question du désir, de la révolution et du communisme. Une version papier publiée par les Éditions la Tempête vient de paraître en librairie. Les articles inédits qui composent ce premier volume explorent les différentes pistes théoriques empruntée par la revue depuis deux ans : le fascisme de Renaud Camus de sa littérature homosexuelle du Tricks à son Grand Remplacement ; la violence transphobe jugée dans le théâtre d’une justice d’État ; la remontée à la surface des écrits subversifs de Guillaume Dustan ; la psychanalyse dans le viseur d’une politique du Monstre chez Preciado ; et l’affirmation d’un gai communisme avec Mario Mieli. Afin de mieux comprendre la démarche de cette excellente revue, nous avons profité de cette parution pour poser quelques questions à ses animateurs.

Trou Noir invite à un « voyage dans la dissidence sexuelle », que pensez-vous du tourisme ?L’invitation à laquelle vous convie Trou Noir est celle du grand saut dans l’inconnu.

S’éloigner suffisamment du vieux rivage social jusqu’au moment où le sol disparaît est une mise en jeu forte ouvrant à un continent inexploré. C’est le vertige du corps face à l’immensité nouvelle. Ce voyage, c’est le genre de situation qui demande le courage de se délester d’une partie de soi.

Comprendre que nos désirs sont contradictoires, nos attirances multiples, laisser une place à la passion des rapports de force, aux renversements constants de la domination, à l’expérimentation des amours et des corps, à la perdition, c’est d’une manière ou d’une autre s’éloigner des rôles sociaux, des normes, de la morale.

Le tourisme en est l’antithèse. Des personnes se croisent sans se rencontrer et reviennent immanquablement à leur situation initiale. Le tourisme consiste à se placer dans une situation d’altérité radicale et d’en sortir inchangé, indemne, normal. Le besoin de le qualifier (sexuel, écolo, culturel, historique…) illustre à quel point il se fait véhicule de la misère sociale.

Le geste inaugural de Trou Noir consiste donc en un renversement de perspective. Nul besoin d’exotisme ou d’élément hors du commun. Le voyage commence ici et maintenant. C’est par une certaine déprise de soi que l’on accède aux amitiés, à des bouts de vérité, à des attachements qui font battre le cœur ou déplacer des montagnes et qui…

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Auteur: lundimatin