Entretien avec un russe en exil à Instanbul

Peux-tu te présenter rapidement : d’où venez-vous, toi et ta famille ? Qu’est-ce que tu faisais dans la vie en Russie ?Je m’appelle Ivan, je viens d’Oulianovsk, une ville russe située entre Kazan et Samara. Elle n’est connue que parce que Lénine est né là-bas ! Sinon, elle n’est pas très importante sur le plan économique et politique parce qu’un peu coincée entre deux villes bien plus grandes. Elle compte environ 700 000 habitants, ce n’est pas beaucoup pour la Russie, elle ne figure même pas parmi les 20 plus grandes villes du pays.Ma mère vient d’un village dans l’oblast de Tambov en Russie mais mon père vient d’Ukraine, de la ville de Sieverodonetsk, à l’est, dans l’oblast de Donestk qui était jusque récemment contrôlé par l’Ukraine même si ça n’était pas loin de la ligne de front. Donc la famille de ma mère est russe et celle de mon père ukrainienne.Pendant longtemps, durant mon adolescence, je ne voulais pas vivre en Russie et d’ailleurs je n’y ai pas habité pendant de longues années. Mais depuis un an, j’ai décidé de m’y installer, donc je suis retourné à Oulianovsk depuis mai dernier. J’ai étudié là-bas, dans le cadre d’un mémoire de master et je pensais ensuite travailler dans une ONG ou une organisation de défense des droits de l’homme ou de la démocratie, ou quelque chose dans ce genre. Faisais-tu partie d’une organisation politique ou avais-tu des gens avec qui tu pouvais t’organiser politiquement en Russie ?Quand j’ai décidé de vivre en Russie, j’ai décidé en même temps d’être plus actif politiquement que je ne l’étais avant. Je me suis rapproché du groupe Alternative Socialiste, très actif à Moscou et Saint-Pétersbourg et un peu moins dans les régions, malgré quelques groupes ici et là. Dans ma ville, il y avait seulement une poignée de militants. Comme j’étais sur le point de les rejoindre, nous avons discuté de ce que nous pourrions faire et de comment nous organiser.Avant ça, j’ai fait partie de l’équipe de campagne de Navalny dans ma ville pendant les élections présidentielles de 2018. Pour finir il n’a pas été autorisé à participer aux élections mais il a quand même fait la campagne et s’en est suivi tout ce que l’on sait. Durant les élections, j’ai été observateur pour m’assurer que les procédures étaient à peu près respectées.Quand la guerre a commencé, j’ai simplement essayé de m’organiser avec des gens au hasard en sortant spontanément dans la rue pour manifester. Mais dans ma…

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Auteur: lundimatin