Épiméthée

Parce que les dieux ont toujours occulté l’homme, nous n’avons jamais su qui nous étions, notre nature nous est demeurée cachée : « Que l’homme s’arrache d’abord lui-même à ce qui “occulte” sa nature. »
En quoi l’espèce humaine se différencierait-elle des autres espèces ? La réponse se découvre à nous “a posteriori” : l’humanité seule, parmi toutes les espèces vivantes, s’est appropriée la nature, inaugurant l’anthropocène. Avec les êtres humains, la domination sur la nature et l’élévation de la productivité se sont démesurément développées en détruisant l’environnement biotique. Cette appropriation “pléonectique” a séparé l’homme du vivant : en s’appropriant le monde, il s’est exproprié de la vie.

L’extinction du feu prométhéen

La découverte du feu, suscitant l’apparition de l’homo faber, marque le début de l’anthropocène, c’est l’événement initial qui va permettre à l’espèce humaine de transformer son environnement. Certes, les signaux effectifs de l’altération anthropique de la biosphère ne seront observés que bien plus tard – déjà, lors du néolithique avec le développement de l’agriculture, puis à l’époque moderne, d’abord avec l’invention de la machine à vapeur, à la fin du 18e siècle, et surtout la “grande accélération” de la seconde moitié du 20e siècle, avec le développement technologique numérique, la croissance démographique et la consommation exponentielle des ressources – mais on ne peut comprendre ce qui est nous est advenu que si l’on saisit ce fait technologique inaugural de la maîtrise du feu. Le mythe grec de Prométhée nous le donne à entendre : en volant le feu aux dieux de l’Olympe pour le transmettre aux hommes, Prométhée s’est institué le dieu de la technologie.

La Grèce a fourni à l’Occident son héros civilisationnel : avec Prométhée la civilisation n’est plus conçue comme…

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Auteur: dev