Équateur : Une victoire contre l'exploitation minière sur fond de débat entre deux visions antagonistes de la gauche

Le dimanche 7 février 2021 l’Équateur n’a pas seulement voté pour les élections présidentielles. Ainsi à Cuenca, la troisième plus grande ville du pays, les électeurs se sont également prononcés contre une série de méga-projets miniers concernant les cours supérieurs des cinq rivières qui alimentent l’aire urbaine en eau. Cette zone, contiguë à un parc national déclaré ‘réserve de biosphère’ par l’UNESCO, compte plus de 4000 plans d’eau, grands et petits, qui sont au cœur de l’écosystème sensible du Páramo et font office de véritable réservoir des Andes. De nombreuses entreprises, canadiennes, australiennes, péruviennes et chiliennes notamment, ont pourtant déjà obtenu 43 concessions pour l’exploitation de divers métaux dans cette zone. Quatorze organisations de base, avaient lancé un référendum, validé par la Cour constitutionnelle en septembre 2020, après approbation du conseil municipal de Cuenca. Ce dimanche, plus de 80% des électeurs ont voté en faveur de l’interdiction de l’exploitation minière industrielle dans cette partie des hauts plateaux andins. Ils ont ainsi exercé un mandat démocratique clair et conforme à la constitution de 2008 qui définit les droits de la nature.

Le résultat du référendum étant juridiquement contraignant, le prochain président sera tenu de le mettre en œuvre. Plusieurs des 16 candidats à la présidence avaient toutefois clairement opté, dans leur plate-forme électorale, pour un renforcement de l’exploitation minière comme nécessaire issue à la crise économique. Un seul d’entre eux s’est toujours clairement prononcé contre ces activités d’extraction minière et contre l’extension de la frontière pétrolière dans la région amazonienne : il s’agit de Yaku Perez Guartambel, candidat du mouvement indigène et de son organisation politique Pachakutik.

Le résultat final de l’élection présidentielle ne sera pas définitivement connu avant le deuxième tour de scrutin du 11 avril. L’héritier politique de l’ex-président Rafael Correa, Andrés Arauz, qui a obtenu 32,2 % des voix au premier tour, y participera certainement. Mais la question de savoir qui sera son adversaire reste en suspens : après le décompte de 99,31 % des bulletins, Perez Guartambel (20,10 %) devance de peu (0,6%) le banquier néolibéral Guillermo Lasso (19,50 %) – un scénario serré qui peut encore réserver des surprises.

Pour la première fois dans l’histoire du pays, un candidat indigène, issu des organisations de base, pourrait…

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Auteur: Miriam Lang