L’historien Enzo Traverso rend hommage à l’éditeur immense que fut Éric Hazan, fondateur des éditions La fabrique et auteur de nombreux livres – dont L’invention de Paris (2002), Une Histoire de la Révolution française (2012) ou encore La Dynamique de la révolte (2015), décédé il y a quelques jours. Revenant sur sa trajectoire, il insiste à raison sur le rôle crucial joué par La fabrique depuis sa fondation, en particulier pour les mouvements antiracistes et décoloniaux.
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Éric Hazan – médecin, écrivain, le plus grand éditeur de l’histoire de la gauche française après François Maspero, un des plus grands à une échelle globale – est décédé le 6 juin à Paris. Il s’est éteint dans la ville où il était né il y a 87 ans et dont il était devenu le biographe. Sa mort est une perte pour la gauche, mais sa vie demeure paradigmatique d’une tradition d’ambition intellectuelle et d’internationalisme que la gauche devrait toujours défendre. Loin d’être un univers clos en lui-même, l’édition était pour lui un sismographe du monde social, avec ses conflits et ses luttes, et un laboratoire d’idées au service de la révolte contre le pouvoir.
L’édition était une tradition familiale, mais il n’a rejoint la profession que vers la quarantaine. Au cours des deux décennies précédentes, il a travaillé comme chirurgien cardiaque, se spécialisant dans la pédiatrie, domaine dans lequel il était devenu une figure éminente. Alors que son engagement politique au sein de la gauche datait de son adolescence (il fut communiste jusqu’en 1956), sa première profession l’absorbait entièrement, l’éloignant de la culture et de l’édition, qui deviendrons plus tard ses principales préoccupations tant personnelles et professionnelles.
Éric a toujours conjugué travail et militantisme. Pendant la guerre d’Algérie, il devient porteur de valises, un euphémisme pour désigner les agents…
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Auteur: redaction