Éric Hazan, radicalité et entièreté des convictions

Un matin d’octobre 2008, dans les locaux de Politis, Éric Hazan a accepté notre proposition d’interview pour les 10 ans d’existence de « sa » maison d’édition, La Fabrique, déjà ô combien précieuse pour la pensée de la gauche (de gauche). C’est la première fois que je le rencontre. Au bout de quelques phrases, il me dit avec emphase, pour expliquer son travail éditorial : « [Il s’agit de] créer du commun ! Ce commun qu’on nous a volé, qu’on nous a détruit. Il faut donc le recréer d’une manière ou d’une autre ! » Et il salue et remercie vivement en premier lieu la fidélité du grand philosophe Jacques Rancière, formé par le marxiste Louis Althusser dans les années 1960, de publier désormais tous ses livres dans sa maison, lui assurant ainsi une installation solide dans le paysage intellectuel et éditorial hexagonal.


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Ce grand intellectuel, fin connaisseur des évolutions théoriques de la pensée et de l’histoire de tout le mouvement ouvrier depuis la Révolution française, aimait à republier des auteurs parfois oubliés ou connus des seuls spécialistes. Des souvenirs d’un révolutionnaire de Gustave Lefrançais ou le (jadis classique) La réaction thermidorienne du grand historien Albert Mathiez, le superbe La révolution par l’amitié de Dionys Mascolo, le trop oublié Histoire d’un crime. Déposition d’un témoin (2009) où Victor Hugo narre le coup d’État réactionnaire du futur Napoléon III, ou encore le Baudelaire de Benjamin Fondane (qui ne paraîtra finalement pas pour une question de droits avec les héritiers), pour n’en citer que quelques-uns.

Mais il aimait surtout intervenir dans le débat public, non sans volonté (provocatoire) d’ouvrir des…

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Auteur: Olivier Doubre