Erik Orsenna dresse un portrait cinglant de Vincent Bolloré …

Eric Arnoult, alias Erik Orsenna, est un écrivain prolixe. Prix Goncourt à 40 ans pour « l’Exposition coloniale » et académicien français à 50, il a publié chez de nombreux éditeurs. S’il a choisi de confier l’« Histoire d’un ogre » (18,50 euros, en librairie le 16 février) à Gallimard, c’est qu’il ne pouvait la faire paraître chez Robert Laffont et au Cherche Midi, où il a signé « Désirs de villes » et « Fabrique du neuf », deux maisons du groupe Editis, donc de Vivendi. Car l’Ogre de ce conte néo-voltairien (comptant 184 217 signes, comme « Candide ») n’est autre que Vincent Bolloré, industriel aussi puissant que susceptible. Pas sûr qu’il goûte, à sa juste valeur, l’humour féroce d’Orsenna, seul romancier à être titulaire d’un doctorat en sciences économiques, commandeur de l’ordre du Mérite agricole et à n’avoir jamais perdu, malgré un passage par l’Elysée de Mitterrand et le Conseil d’Etat, son rire écumant de cascade versaillaise.

Qu’est-ce donc qu’un ogre, selon le Petit Poucet du quai Conti ? C’est, comme les chacals ou les varans, un « nécrophage », qui se nourrit de cadavres. Contrairement à l’entrepreneur, ce créateur d’entreprises (à l’image de feu Jean-Luc Lagardère, alias le « capitaine », pour lequel notre libelliste éprouve une admiration nostalgique), l’Ogre se jette sur celles qui sont à l’agonie. Il dévore tout ce qu’a autrefois aimé Erik Orsenna, d’Europe 1 à Canal+, de Robert Laffont à 10/18. Après avoir mis la main sur les ports africains, il « se repaît du royaume de France » et a même tenté, en lançant tous ses organes de presse dans la bataille, d’asseoir sur le trône le polémiste identitaire de Reconquête. Mais ce fut en vain, malgré l’union nationale du « méchant milliardaire » et du « gentil populaire » (de C8).

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Auteur: Claude Morizur