Escalade : les falaises ferment, les grimpeurs s'inquiètent

C’est une histoire qui secoue le monde de l’escalade depuis plusieurs mois. Presles, les Goudes, Aureilles… Toutes ces falaises bien connues des grimpeurs et grimpeuses sont désormais interdites à la pratique. En cause : plus personne ne souhaite endosser la responsabilité en cas d’accident. Ni la Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME) — autrefois responsable de la sécurité des sites — ni les propriétaires des falaises qui peuvent désormais être traînés devant les tribunaux en cas de chute accidentelle de pierre.

Pour comprendre pourquoi une quinzaine de sites ont été fermés en Bourgogne, Ariège, Ardèche, Vendée, ou encore en Isère, il faut se plonger dans la loi. Ces lieux sont en effet soumis au principe de responsabilité sans faute, inscrit dans le Code civil (Art 1242 du code civil). Cette disposition vise à indemniser les victimes en cas d’accident sans responsable. Par exemple, si vous êtes blessé par la chute d’un pot de fleur dans la rue, le propriétaire du pot est considéré comme responsable et pourrait vous dédommager si vous portez plainte. C’est la même chose pour les falaises. Et les propriétaires, refusant d’assumer le risque, ont fermé certains sites.

Auparavant, cette responsabilité était assumée par les fédérations d’escalade, notamment la FFME et la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM) via des conventions passées avec les propriétaires. Mais en 2010, un accident sur la falaise de Vingrau à côté de Perpignan (Pyrénées-Orientales) a tout chamboulé. Un couple de grimpeurs avait gravement été blessé lors d’une chute de pierre. La FFME, gestionnaire de Vingrau, avait été condamnée à payer des dommages et intérêts à hauteur de 1,7 million d’euros. Une petite fortune représentant dix années de cotisations de ses adhérents. « Jusqu’à présent, nous n’avions jamais perdu de procès et c’est d’ailleurs le seul accident grave que nous ayons à déplorer en trente ans », explique Pierre-Henri Paillasson, le directeur technique national de la FFME.

Le risque juridique pour les petites communes

Depuis cette condamnation, la fédération s’est désengagée de pratiquement toutes les falaises qu’elle conventionnait — soit environ 1 000 sites sur les 2 500 existant en France — c’est-à-dire des sites pour lesquels elle assumait la responsabilité juridique. Ladite responsabilité échoit désormais aux propriétaires de falaises, qui commencent à s’inquiéter. « Il est clair et net que la commune de Saffres ne peut pas prendre en charge le coût [d’une éventuelle condamnation]. Notre budget annuel est de 70 000 euros, il faudrait que je ne fasse plus de travaux de voiries,…

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Auteur: Laury-Anne Cholez Reporterre