Escalade, tourisme et (dé)colonialisme

Les années passent et se ressemblent dans notre petit monde de l’escalade : on finit toujours par croiser un ami ou une connaissance qui vous annonce partir pour ou revenir d’un « trip grimpe » à l’étranger. Si les destinations varient quelque peu au gré des modes et des styles, la carte postale apparait sensiblement la même : elle propose aux grimpeurs occidentaux des rochers exceptionnels dans des lieux à chaque fois plus dépaysants. Cet engouement, tout en étant communicatif (comment ne pas être sensible à de telles promesses), nous dérange tout de même un peu d’autant que la place des populations locales est rarement interrogée. Il ne s’agit pas ici de jeter la pierre à nos camarades voyageurs mais de tenter un pas de coté réflexif en questionnant ces pratiques, leurs origines, les discours qui les accompagnent mais aussi leurs effets, en particulier, vis-à-vis des populations locales et l’asymétrie des relations qu’elles instaurent.

Les racines colonialiste et bourgeoise de l’alpinisme

Si le tourisme sportif de pleine nature connaît un essor rapide depuis quelques décennies, cet essor n’est cependant pas nouveau et ne peut être réduit à une simple niche de l’industrie touristique moderne. Ses origines remontent aux premiers temps de la modernité, lorsqu’apparaît une activité nouvelle, aux sources mêmes des idées de voyage, de loisir et de sport : l’alpinisme .

L’alpinisme se développe au cours du XIXe siècle au sein de la grande bourgeoisie cultivée anglaise. Lié à l’apparition des loisirs bourgeois, cette activité va naître dans les Alpes, région particulièrement enclavée et à l’écart du développement économique que connaissait alors l’Europe de la révolution industrielle. Plusieurs travaux d’historiens et de sociologues soulignent les valeurs qui sont portées par ces premiers alpinistes : importance des dimensions…

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Auteur: dev