Est-ce qu’il se passe quelque chose ?

Ce sera sans doute le livre des années 20 (en leur début) qui ramasse le mieux ce que nous vivons ou prétendons vivre — et autant dire que ça charcle.

Ça commence à l’EHPAD, en passant par un kiné vite troqué par un osthéo… Le tout traversé par du déjà-vu, lu, entendu, d’Edouard Philippe à Fredric Jameson, de Raoul Vaneigem aux Témoins de Jéhova — soit un livre de montage. Et puis tout y passe, puisque la question posée est : Est-ce qu’il se passe quelque chose ?

Citation, donc, puis larges extraits…
« Anne Boyer a écrit :  » La liberté, on conçoit ce que c’est quand on fait la vaisselle, parce que c’est exactement ce qui n’est pas comme être en train de faire la vaisselle.  » À moins d’avoir été touché par la grâce nationale et de ressentir dans sa chair le premier terme de la devise ou le second amendement, il est vrai que la liberté demeure pour nous un concept – à peine intelligible, positivement inéprouvable. »

Comment savoir s’il se passe quelque chose ? Comment voir ce qui se passe ? Est-ce qu’il y a des choses qui sont censées se passer, qui le doivent ? Comment laisser opérer ce qui doit se passer pour que ça se passe bien ? L’œuvre de se passer travaille-t-elle à faire passer plusieurs choses ? L’œuvre de se passer en laisse-t-elle tomber certaines dans le passage ? Les choses oubliées dans le passage, ou tombées là, sont-elles susceptibles d’être recensées et ressaisies par le prochain courant de se passer ? Les courants de se passer s’annulent-ils ou s’alimentent-ils ? Y a-t-il des congestions, des tourbillons événementiels quand deux se passer se rencontrent ? Comment se passer de se passer pour décrire les courants, les reliefs, les climats temporels ? Est-ce que se passer est le petit nom, le métonyme accidentel, du courant d’air constant dans le couloir du temps homogène et vide ? À brise de temps constante, se passer gonfle-t-il…

Auteur : lundimatin
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