Est-il déjà trop tard pour se dire adieu ? — Jonathan COOK

Il semble que le moment est arrivé de se dire adieu. Ce projet a été amusant, éducatif et parfois cathartique – pour moi en tout cas. J’espère que vous avez aussi tiré quelque chose de ce temps passé ensemble.

Je ne vais nulle part, bien sûr. Du moins, pas pour l’instant. J’aime écrire. Aussi longtemps que je le pourrai, je continuerai à dénoncer l’injustice, à dénoncer le pouvoir des entreprises et leurs dérives, et à réclamer une société plus juste et plus ouverte.

Mais je dois être réaliste. Je dois admettre que d’ici peu un nombre croissant d’entre vous ne visitera plus ma page. Et il me semble impoli, après tant de temps passé ensemble, de ne pas vous dire un adieu chaleureux avant qu’il ne soit trop tard. Vous allez me manquer.

Beaucoup d’entre vous ont peut-être pensé que cela se terminerait autrement. Vous avez probablement imaginé que je serais banni par Facebook ou Twitter. Vous auriez pu alors vous mobiliser, envoyer des plaintes rédigées dans les termes les plus forts possibles et faire pression pour que je sois réintégré. Peut-être même signer une pétition.

Mais ça ne va pas se terminer comme ça. Il n’y aura pas de coup d’éclat. J’ai été trop prudent pour finir ainsi. J’ai évité les mots grossiers et vulgaires. Je me suis tenu à l’écart des insultes (je m’excuse si mes réponses ont parfois été un peu caustiques). Je n’ai pas diffamé qui que ce soit. J’ai évité les « fake news » – sauf pour les critiquer. Je n’ai pas colporté de « théories du complot », à moins que le fait de citer le British Medical Journal sur le Covid ne soit désormais considéré comme de la désinformation (oui, je sais que c’est le cas pour certains d’entre vous).

Mais rien de tout cela n’aura servi. Autrefois, mes articles de blog étaient partagés des dizaines de milliers de fois. Puis, à mesure que les algorithmes se sont resserrés, c’est tombé à des milliers. Maintenant, alors qu’ils m’étranglent davantage, les partages se comptent souvent en centaines. « Devenir viral » est un lointain souvenir.

Non, je ne serai pas banni. Je disparaîtrai progressivement, comme une petite étoile dans le ciel nocturne – une parmi des millions – progressivement éclipsée alors que ses soleils voisins deviennent de plus en plus grands et brillants. Je disparaîtrai si lentement que vous ne le remarquerez même pas.

C’est pourquoi je fais mes adieux maintenant, pendant que je peux encore vous atteindre, vous, mes disciples les plus obstinés.

Mais il ne s’agit pas vraiment d’une…

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Auteur: Jonathan COOK Le grand soir