Et si conspirer était une bonne idée ?

On étouffe !

On étouffe sous les ordres absurdes, les amendes à répétition, les contradictions et les oukases, les pseudo-experts, les mensonges et les vérités qui se transforment au cours du temps, l’impossibilité de discuter et de réfléchir. On étouffe après deux ans d’infantilisation, de déni de l’intelligence collective, d’injures de président, d’enrichissement des milliardaires. Alors qu’on agit face à la pandémie, parce que nous sommes des citoyens et non pas des sujets, nous étouffons sous la morgue de tous ces gens.

Et c’est parce qu’on étouffe que cela fait un grand bien de lire le Manifeste conspirationniste. De même qu’ouvrir la fenêtre est la méthode efficace pour évacuer le virus possiblement flottant dans la respiration commune, de même ce livre est une porte ouverte pour aérer le débat et sortir de l’hébétude collective.

Mais… « conspirationniste », quand même ! Les auteurs anonymesne sont-ils pas des complotistes de bas étage, comme le prétendent les journaux des milliardaires ? Non, parce que le complot est partout, démontrent les auteurs du Manifeste, la conspiration est inhérente à la vie sociale, et ce sont d’abord les puissants qui complotent : « Il serait saugrenu de se demander s’ils conspirent, les 1 % qui détiennent 48 % de la richesse mondiale, qui fréquentent partout le même type d’écoles, de lieux et de gens, qui lisent les mêmes journaux, succombent aux mêmes modes, baignent dans les mêmes discours et dans le même sentiment de leur supériorité héréditaire. Évidemment qu’ils respirent le même air. Évidemment qu’ils conspirent. Ils n’ont même pas besoin de comploter pour cela. » Et de décrire quelques conspirations des puissants qui ont marqué l’époque récente, tel l’essor du néolibéralisme, préparé dès les années 1940 au sein de la Société du Mont-Pèlerin avec Friedrich Hayek et Milton Friedmann, ou la politique des compagnies pétrolières dès les années 1970 pour propager le climatoscepticisme. Il faut sortir de l’image à la Tintin de comploteurs masqués se réunissant en secret pour préparer un abominable forfait. « La conspiration n’a aucun besoin de réunir ses membres. Elle flotte. Son élément est aérien. L’entente, ici, peut rester tacite, diffuse, aussi insaisissable qu’une idée. »

« Raconter l’envers de l’histoire contemporaine »

Donc, « s’il y a des complotistes, c’est simplement parce qu’il y a des complots ». Et les auteurs de préciser : « L’aberration…

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Auteur: Hervé Kempf Reporterre