« Le spectacle du monde ressemble à celui des Jeux olympiques : les uns y tiennent boutique ; d’autres paient de leur personne ; d’autres se contentent de regarder. » : ainsi, Pythagore décrivait déjà la tradition de la Grèce Antique revivifiée par le baron Pierre de Coubertin, fondateur du Comité international olympique à la fin du XIXe siècle. Depuis, les olympiades se sont accumulées et un mouvement de critique sévère de ce pèlerinage a fini par éclore sous la bannière « Nolympic Anywhere ». En France, de nombreux collectifs se mettent en ordre de bataille afin de s’opposer aux JO de Paris de 2024.
Dans ce texte et dans ce contexte, le philosophe et sportif Fred Bozzi interroge l’expérience sportive par-delà ou en-deça de toutes les récupérations économico-politiques qu’elle a subies au fil du temps. Il s’agit ici de ne pas se contenter d’appréhender les JO d’un pur point de vue critique mais de déceler ce qui est réappropriable dans le sport afin que les jeux puissent un jour être une vraie fête.
Les Jeux Olympiques auront-ils lieu à Paris en 2024 ? Plusieurs voix se sont déjà élevées contre leur organisation, et vont très certainement se multiplier ici et ailleurs si ceux de Tokyo-Fukushima sont annulés. Dans la lignée du mouvement « Nolympic Anywhere », les textes dénoncent un fléau multiforme : moral, sanitaire et social ; économique, écologique et politique. Mais si les JO avaient lieu malgré tout ? Ne faudrait-il pas être en mesure de porter une critique complémentaire, et qui considérerait de plus près l’expérience sportive pour en revendiquer le sens ?
Le drame olympique
Les Jeux Olympiques sont volontiers décrits comme un marasme moral : à la corruption des élites s’ajoute la tendance des peuples à guérir leurs blessures narcissiques par des fantasmes identitaires. Rien de plus aisé alors que de faire référence à la critique radicale du sport incarnée depuis cinquante ans par Jean-Marie Brohm. Rien de plus parlant que de rappeler le lien des cérémonies d’ouverture au nazisme (le 1er défilé et la mise en scène de la flamme sont apparus en 1936 dans l’Allemagne nazie), ou les tendances colonialiste, raciste, eugéniste et sexiste de Coubertin. On affirme que telles sont les vraies valeurs de l’olympisme, loin du pacifisme ou de l’humanisme annoncés.
Sur cette base contre-idéologique, les critiques s’appliquent ensuite à pointer le détail d’un désastre sanitaire et social : à l’inverse de ceux qui veulent…
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Auteur: lundimatin