États-Unis : la démocratie en sursis ?

L’année 2022 a été marquée par des résultats d’élections de mi-mandat historiques aux États-Unis. La victoire du Démocrate Raphael Warnock à l’élection sénatoriale de Géorgie a clos un cycle électoral dont l’un des enjeux principaux était l’avenir de la démocratie. Il s’agissait, en effet, du premier scrutin après l’insurrection du 6 janvier 2021, fomentée par un président que les élus de son parti ont refusé de désavouer.

Pour la première fois également, de nombreux candidats de ce même Parti républicain faisaient campagne en relayant la théorie du Grand Mensonge selon laquelle l’élection présidentielle de 2020 aurait été volée à Donald Trump.

C’était aussi la première fois que les électeurs pouvaient s’exprimer après la décision controversée et impopulaire d’une Cour suprême très politisée qui a mis fin au droit constitutionnel à l’avortement.

Enfin, jamais un ancien président des États-Unis, largement impopulaire, n’avait tenté de transformer les élections qui suivent sa défaite en un « match retour » contre un président au pouvoir presque aussi impopulaire que lui, dont il nie la légitimité.

Des midterms décevantes pour Donald Trump

Les résultats montrent que si les primaires se sont jouées aux extrêmes, les élections générales, elles, se sont, comme souvent, décidées au centre.

Dans les États dits « pivots », où les Républicains avaient une chance de gagner, les candidats républicains « négateurs » (deniers en anglais), c’est-à-dire ceux qui remettaient en cause le résultat de la présidentielle de 2020, ont ainsi perdu les élections à des postes clés (gouverneurs ou secrétaires d’État) comme en Arizona ou au Nevada. À l’image d’Herschel Walker en Géorgie, ils ont presque tous concédé leur défaite, alors même que la remise en cause du processus électoral était au cœur de leur campagne. Et il n’y a eu ni violence, ni insurrection, comme on pouvait le craindre. Le droit à l’avortement a également gagné, là où la question était posée aux électeurs, y compris dans des États conservateurs, comme le Kentucky ou le Montana, venant confirmer le résultat enregistré au Kansas cet été.

À la Chambre des Représentants, les Républicains ont certes gagné la majorité des sièges (et du vote populaire), mais avec une marge historiquement faible. Les Démocrates n’ont perdu que 9 sièges, alors que depuis 1934, le parti du président au pouvoir perd, en moyenne, une trentaine de sièges aux élections de mi-mandat, et jamais moins d’une dizaine, surtout avec une cote de popularité équivalente à celle de Joe Biden (entre 40 et 45 %). La seule anomalie était 2002, mais le parti de George W. Bush avait alors bénéficié du ralliement du pays au président, à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

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Au Sénat, les Démocrates ont, avec les indépendants, renforcé leur contrôle, en gagnant un siège après avoir fait basculer la Pennsylvanie. Cette victoire, tout comme celle de Warnock, est un nouveau coup porté à l’ancien président Donald Trump dont les candidats qu’il soutenait ont presque tous perdu dans les États où il y avait des enjeux.

Une décision majeure de la Cour suprême à venir

Il convient toutefois de nuancer. Les résultats ont été souvent serrés, même là où il y avait des candidats extrémistes comme Walker en Géorgie, ou Kari Lake en Arizona. De plus, les élections locales, elles, ont donné un patchwork de résultats divers, parfois très favorables aux Républicains : au final, une majorité de leurs candidats extrémistes et négateurs ont été élus.

Soirée électorale des partisans de la candidate républicaine au poste de gouverneur de l’Arizona, Kari Lake (qui sera battue par la gouverneure démocrate sortante), à Scottsdale, le 8 novembre 2022. Un homme brandit des pancartes assimilant Donald Trump à un Batman qui viendrait au secours d’un pays aux mains d’un Joe Biden jugé illégitime.
Olivier Touron/AFP

Les Républicains ont amélioré leurs scores principalement…

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Auteur: Jérôme Viala-Gaudefroy, Assistant lecturer, CY Cergy Paris Université