États-Unis : la tragédie des opioïdes aggravée par un système de santé défaillant

Amy Greene, directrice exécutive du Collège Sciences, Humanités et Société de l’université Paris Sciences et Lettres et enseignante à Sciences Po Paris, publie aujourd’hui aux éditions Tallandier un ouvrage qui dresse un sombre tableau de la société états-unienne. Dans « L’Amérique face à ses fractures », la politiste met en évidence les multiples failles – politiques, économiques, sociales, culturelles… – d’un pays profondément désuni. Une lecture indispensable pour bien comprendre les États-Unis d’aujourd’hui, dont nous vous proposons ici un extrait consacré au fléau de la toxicomanie aux opioïdes – un fléau qu’un système de santé profondément inégalitaire ne parvient pas à endiguer, au contraire même.


La tragédie des opioïdes

« Maman dit que même nous, les enfants, ne sommes pas une raison suffisante pour arrêter les [opioïdes]. » (Christian Robinson)

Entre addictions, overdoses et décès qui s’ensuivent, force est d’admettre que la crise des opioïdes s’impose désormais comme un fléau dans le paysage social et sanitaire des États-Unis.

Depuis près de dix ans, la consommation massive des opioïdes est devenue un facteur central de la chute de l’espérance de vie. Depuis 2000, plus d’un million d’Américains sont morts d’une overdose, dont les trois quarts sont imputables aux opioïdes. En 2019, l’Amérique a compté 50 000 morts à cause d’eux, soit sept fois plus que le nombre de militaires américains tués dans les deux guerres en Irak et en Afghanistan confondues. Un an plus tard, alors que sévissait la pandémie de Covid-19, ce nombre grimpait à 70 000, avant de passer à 80 000 en 2021. Tous les jours, 220 Américains succombent aux opioïdes. Or le problème de l’addiction dépasse largement le nombre de personnes qui en meurent.

Plus de 1,7 million d’Américains ont une addiction aux opioïdes en lien avec les médicaments antidouleur…

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Auteur: Amy Greene, Spécialiste de la politique américaine, Sciences Po