Exportations de gaz et pétrole par les États-Unis et la Russie, denrées agricoles par l’Argentine et le Brésil — précédemment gouverné par Jair Bolsonaro —, métaux rares pour la Chine… Pour asseoir leur puissance, les pays dirigés de manière autoritaire s’appuient sur leur forte dotation en ressources naturelles. Des ressources dont nous sommes fortement dépendants et dont l’exploitation et l’utilisation participent au réchauffement climatique. Selon l’économiste et chercheur à l’Inrae Philippe Delacote, la sobriété peut être un moyen de résister face à ces régimes autoritaires. De quoi les priver de leur pouvoir économique et stratégique.
Reporterre — Comment la sobriété permettrait-elle d’influencer le contexte géopolitique et de réduire notamment l’influence des pays autoritaires ?
Philippe Delacote — Les pays qui font reposer une partie importante de leur activité économique sur l’exploitation des ressources naturelles (pétrole, gaz, terres rares, fertilisants azotés, denrées liées à la déforestation, etc.), et qui nous les exportent massivement, sont souvent des régimes autoritaires. Je pense notamment aux États-Unis avec Donald Trump, à la Russie avec Vladimir Poutine, à l’Argentine avec Javier Milei, à la Chine avec Xi Jinping.
L’exploitation des ressources naturelles est fortement utilisée par ces régimes autoritaires pour asseoir leur pouvoir. Elle nécessite souvent des investissements importants, favorisant la concentration des pouvoirs économiques et pouvant conduire à une concentration des pouvoirs politiques, et donc à une oligarchie. Les revenus tirés de cette exploitation sont donc susceptibles de ne profiter qu’à une minorité de la population et génèrent une rente pour le pouvoir, qu’il peut utiliser pour se maintenir en place. On parle de malédiction des ressources.
« Toute croissance…
Auteur: Annabel Martinez-Canavy