On ne peut pas dire vraiment que, pour nous, ce résultat des élections soit une surprise dans la mesure où il y a maintenant plus de vingt ans notre texte de mai 2002, « Chronique d’une excrétion », essayait de rendre compte du fait que ce que nous appelons la « révolution du capital » — ce que d’aucuns perçoivent comme une contre-révolution néo-libérale — rendait caduque toute perspective réformiste du capital et donc celle défendue par la social-démocratie et ses différentes variantes, partis communistes compris. Comme par ailleurs le dernier soubresaut révolutionnaire prolétarien s’était terminé par une défaite, de son (notre) point de vue, c’est toute l’ancienne « question sociale » qui se trouvait mise hors-jeu et, avec elle, non seulement la perspective d’un autre monde, mais aussi toutes les organisations traditionnelles du mouvement ouvrier.
Toutefois, il y a bien là l’expression d’une surprise, y compris pour nous, dans la mesure où le contexte ambiant, dans nombre de médias, sur les réseaux et au sein de nombreuses institutions culturelles et sportives qui semblent reprendre la voix de son maître (cf. les déclarations des footballeurs tels Thuram et Mbappé), entretient une véritable virtualisation des rapports sociaux où on a l’impression que l’hégémonie culturelle est progressiste et de gauche, alors qu’elle ne représente qu’une parole minoritaire épousant et même propulsant la dynamique du capital. Pour la première fois dans l’histoire, ce n’est pas un pouvoir bourgeois, expression d’une classe dominante qui impose ses représentations en devançant les évolutions du rapport social, mais les transformations des rapports sociaux qui précèdent la loi et se substituent à l’initiative politique.
Pour ne prendre qu’un exemple, au discours critique sur la famille des années 1960-1970, s’est substitué un discours non-critique positivant toutes les formes de…
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Auteur: dev