Éthique superstitieuse : écrire la catastrophe

Sur Une histoire du vertige, Camille de Toledo, Verdier, janvier 2023,
adapté de la thèse Histoire du vertige, de Cervantes à Sebald, 2019.

Face aux emballements en cours, la littérature est de plus en plus souvent sommée, de l’intérieur et de l’extérieur, par les sciences humaines, par la presse ou par elle-même, de rendre un fier service écosystémique : empêcher que le monde se défasse. « La littérature peut » à loisir dissoudre la dissolution néolibérale de la langue, ressusciter les morts au travail, porter haut des imaginaires désirables, précipiter l’avènement d’une résistance archipélagique. Elle peut, donc elle doit. Injonction à la fois naïve et machiavélique, qui se la figure comme un soft power pouvant servir l’empire aussi bien que travailler à le saper. Il y a du vrai : une littérature qui ne part pas de ce préalable, le constat de la catastrophe, et n’en déduit pas la nécessité, d’une manière ou d’une autre, de s’incorporer la lutte, peut n’être considérée que comme un produit, un rebut ou une nuisance ajoutée. Mais il ne lui suffit pas de dire agir pour agir.

Ici, huit chapitres d’études appuyant une réflexion sur la possibilité de l’écriture dans la perte du monde. Quatrième de couverture :

« Écoute, le sol se dérobe, les mots dérapent ; partout, nos appuis s’érodent. (…) Et moi, figure-toi, avec les livres qui m’ont accompagné, j’ai voulu saisir les formes de ce vertige. Comprendre cette guerre, ce combat, et cette blessure, entre les langages humains et les autres formes de la vie. »

  • I. « L’oubli de la Terre ». Vue de Tolède du Greco et Quichotte de Cervantes.
  • II. « Vertige des écritures ». Carroll, Sylvie and Bruno Concluded  ; Borges, « De la rigueur de la science » (Histoire universelle de l’infamie) ; Hitchcock, Vertigo.
  • III. « Retomber des hauteurs ». Magris, Danube.
  • IV. « Extension de la vie tremblée »….

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Auteur: dev