Étienne Davodeau : L'enfouissement des déchets nucléaires est « une immense lâcheté »

Étienne Davodeau est auteur de bandes dessinées. Il a notamment écrit Rural ! (Delcourt), Lulu femme nue et Les ignorants (Futuropolis). Dans son dernier livre, Le droit du sol. Journal d’un vertige, paru ce mercredi 6 octobre aux éditions Futuropolis, il raconte son voyage de 800 kilomètres à pied entre la grotte ornée du Pech Merle, dans le Lot, et Bure, dans la Meuse, où est prévue la construction du centre d’enfouissement Cigéo des déchets ultradangereux qui resteront radioactifs des centaines de milliers d’années.




Reporterre — Comment vous est venue l’idée de relier en marchant la grotte du Pech Merle et ses peintures rupestres dans le Lot, et Bure, où est prévu le centre d’enfouissement de déchets radioactifs Cigéo ?

Étienne Davodeau — L’énergie en général et le nucléaire en particulier sont des sujets qui m’interrogent depuis très longtemps. Je n’ai pas de formation en physique mais je considère que le nucléaire est un sujet qui déborde largement un contexte scientifique. J’ai retrouvé un dessin que j’avais fait pour le réseau Sortir du nucléaire en 1995.

Puis, il y a quelques années, mon ami dessinateur David Prudhomme a proposé à plusieurs auteurs de bandes dessinées d’aller dessiner dans des grottes ornées de peintures préhistoriques Le petit mammouth de Pech Merle m’est resté dans l’œil. Je me suis souvenu de Cigéo à Bure. Ces deux choses souterraines se sont articulées presque malgré moi. Une porte d’entrée narrative sur ce sujet des déchets nucléaires s’ouvrait enfin. J’ai fait mon sac à dos et suis parti de Pech Merle en juin 2019. J’ai aussi cherché les intervenants qui pouvaient m’éclairer et témoigner sur ce sujet des déchets radioactifs.

© Futuropolis

Au vu de tout ce que vous avez appris, qu’est-ce qui vous frappe le plus dans ce projet Cigéo ?

Le vertige que suscite cette fuite en avant de l’industrie nucléaire. On construit des centrales depuis les années 1960. La filière s’est développée de manière complètement délirante, pour atteindre aujourd’hui 56 réacteurs pour 66,7 millions d’habitants. Alors que le monde vit globalement sans le nucléaire — l’atome représente 10 % de la production électrique mondiale —, il représente 67,1 % de la production française.

Il y a plein de choses qu’on ne sait pas faire. On ne sait vraiment pas quoi foutre des déchets radioactifs. Cigéo n’est qu’un projet par défaut, bancal sur le plan technique et injustifiable sur le plan éthique. On ne…

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Auteur: Émilie Massemin (Reporterre) Reporterre