Étrange période – Un photoreportage dans les bars parisiens

On sait le sort réservé aux bars et restaurants depuis plusieurs mois parce qu’il s’agit de zones à risque du point de vue de l’État et de la pandémie de Covid. On sait aussi les mesures censées les soutenir. Mais tout cela, on le sait en surface, parce que ce sont les mots que l’on entend répétés à longueur de journée. Cet article exprime ce que beaucoup savent d’une autre manière : à travers ce reportage photo autour de quelques bars parisiens, on comprend très sensiblement que c’est une certaine idée de la vie, de la fête et des liens qui a été mis en suspend pour une durée indéterminée. Que le monde des bars et de la nuit soit le nôtre ou non, force est d’admettre qu’il ne s’agit pas de commerces comme les autres. « Chacun est concerné aujourd’hui : personne ne peut nier qu’une tristesse banale s’est immiscée dans notre monde. Et on ne doit pas sous-estimer la tristesse, elle fait des ravages. » Face à cette situation, « La complaisance n’est plus suffisante, elle n’est plus acceptable : l’heure est au soutien inconditionnel et à l’émeute »

photo : Héloïse, La Petite Porte, Quartier de la Porte Saint-Martin, Paris 10e.

Nous ne vivons pas tous cette étrange période de la même manière. C’est une réalité, certains s’en sortent mieux que d’autres : les hommes de loi inventent des lois, les hommes de science inventent des remèdes. Les gens de politique mélangent un peu tout comme ils le peuvent – ils sont souvent pitoyables, malhonnêtes et coupables – et ils fabriquent une nouvelle société, un monstre nouveau dont personne ne veut. Ils font avec leur temps et leurs outils et se cachent derrière le caractère inédit de la crise sanitaire qui peut tout expliquer, tout excuser. Enfin, ils se servent de vieilles peurs et de termes neufs pour imposer des règles inacceptables, délétères et absurdes. Ce n’est pas de savoir s’ils le font exprès ou pas qui nous importe : ils le font.

Sonja et Paul, Encore Là, Quartier du Sentier, Paris 2e

D’autres n’inventent rien, depuis un an, ils n’inventent absolument plus rien. Si ce n’est une mauvaise histoire à dormir debout qu’ils doivent raconter chaque mois aux terribles bailleurs réclamant inlassablement leur dû : l’argent n’attend pas. Ils sont des millions, en France, à sombrer. Des millions d’hommes et de femmes qui ont choisi d’entreprendre, de partager, de créer. Ceux-là vivent plus durement la crise, il est bon de le redire : les mois passent, la souffrance est devenue une…

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Auteur: lundimatin