« Qu’en penses-tu Tony ? – Excuse-moi, tu disais ? »
Qui parmi vous n’a jamais été ramené sur Terre au cours d’une réunion de travail ? Soyez rassurés, les neuroscientifiques ont montré que ce phénomène, dénommé en Anglais Mind-Wandering, est davantage la norme que l’exception. L’existence de nombreuses expressions du langage courant l’atteste d’ailleurs : rêvasser, être distrait, être dans la lune, dans les nuages, dans son monde, avoir la tête à autre chose, être perdu dans ses pensées… Bien peu d’études en sciences de gestion ont pourtant été consacrées à ce phénomène qui nous concerne tous. Ce silence des chercheurs de la discipline est d’autant plus étonnant que l’errance de la pensée semble avoir des conséquences négatives non négligeables… mais aussi positives fort heureusement.
Dans une première approche approximative, il est possible de définir le Mind-wandering comme le contraire du flow, c’est-à-dire de l’engagement extrême dans le travail. Ces deux états ont malgré tout pour point commun une perte passagère de conscience du temps et de l’environnement. L’originalité du Mind-Wandering tient surtout à un déplacement de notre attention vers des pensées autogénérées et/ou des sentiments sans rapport avec la tâche en cours. En ce sens, il n’est pas un défaut de concentration mais plutôt une dérive.
Pendant ces moments, notre pensée se disperse sans forcément poursuivre un but précis. Elle flotte et associe une idée à une autre sans forcément de logique précise. Elle est instable contrairement à nos moments de rumination. Cette dérive peut être spontanée (zoning out) comme quand vous lisez une phrase sans en comprendre le sens ou, au contraire, intentionnelle (tuning out) à l’image de ces instants où vous planifiez intellectuellement vos prochaines vacances alors que vous devriez travailler. Ne mentez pas, cela vous est déjà…
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Auteur: Franck Biétry, Professeur des Universités en gestion des ressources humaines, Université de Caen Normandie