« Ma peur la plus grande, c’est de me cacher. C’est vraiment dangereux pour moi d’être ici, mais je préfère être là, et exister. » Ce lundi soir, le Blitz Bar, situé dans l’Ecusson à Montpellier est rempli. Plus une place assise, des gens se tiennent à la porte et tous les regards sont tournés vers le trio qui fait face au public. Elles sont trois, Caïn, du collectif des Sudakas, Carolina, de Nous Toutes 34 et l’invitée de la soirée, Paola. « Pourquoi es-tu là ce soir ? », lui demande la première pour lancer la rencontre. « Je suis là parce que je suis une pute, parce que je suis dominatrice. »
« Cela fait longtemps qu’on avait envie d’organiser cette rencontre, explique Caïn. On voulait organiser des discussions sur le travail du sexe, puisque ce n’est pas un sujet très connu et qu’on n’en parle pas beaucoup, alors avec les Sudakas on en a discuté et voilà, je suis ravie que Paola ait pu venir pour la soirée. »
Paola est originaire d’Argentine. Etats-Unis, Allemagne, France, elle a travaillé dans de nombreux pays différents, des pays qui adoptent une vision complètement différente du travail du sexe. C’est donc pendant près d’une heure qu’elle a pu apporter son expérience et exposer son rapport au travail du sexe devant une trentaine de personnes massées dans le bar.
« L’abolitionnisme, qu’est-ce que c’est ? »
Quand on se réfère au travail du sexe, il existe 3 positions étatiques vis-à-vis de celui-ci. Une première, prohibitionniste, qui considère toutes les personnes ayant contact avec le milieu du travail du sexe – c’est-à-dire les travailleureuses, mais aussi les client∙es ou les propriétaires d’établissements – comme délinquant∙es. La seconde approche, abolitionniste, considère les TDS (Travailleureuses Du Sexe) comme des victimes d’un système d’exploitation des corps et de la sexualité et cherche à abolir, comme son nom l’indique, le travail du sexe. La France, par ailleurs, est un pays abolitionniste. Enfin, il existe une approche réglementariste, approche que met en place l’Allemagne par exemple, qui octroie des droits et des garanties aux professionnel∙les.
« Dans un système abolitionniste, la police se focalise sur les personnes consentantes, pour remplir les caisses », assure Carolina. En effet, les TDS payent des amendes à répétition parce qu’elles exercent leur travail. « On perd du temps à s’occuper des gens qui ne souffrent pas au lieu de s’occuper de celleux qui en ont besoin. » C’est toute…
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Auteur: Clara Maillé