Exemplarité des politiques : discours et pratique

Chronique de la Ve République par Béligh Nabli & Nicolas Matyjasik

La chronique politique de l’été 2020 risque d’entrer dans les annales de la Ve République, dans la rubrique « Exemplarité : du discours à la pratique ». G. Darmanin a été nommé ministre de l’Intérieur, alors qu’il a reconnu avoir (ab)usé de son pouvoir pour obtenir un rapport sexuel ; il fait l’objet d’une enquête préliminaire dans une (autre) affaire où il est accusé de viol ; le ministre du budget, O. Dussopt, a été perquisitionné dans le cadre d’une enquête pénale sur des faits de corruption, prise illégale d’intérêts et favoritisme ; le parquet de Paris a ouvert une enquête pour viol suites aux accusations portées contre Ch. Girard, qui avait déjà dû démissionné de sa fonction de Maire-adjoint à la Ville de Paris pour ses liens avec G. Matzneff ; Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, a déclaré qu’il n’aimait pas « la transparence », ce après avoir reconnu ne s’être (encore) soumis à l’obligation légale de déclaration de son patrimoine ; le président de la République a décidé de nommer François Bayrou – qui s’est imposé durant sa longue carrière comme le chantre de la « moralisation de la vie politique » – à la tête du Haut-Commissariat au Plan et à la prospective, malgré sa mise en examen pour « complicité de détournement de fonds publics » dans l’affaire des assistants du MODEM …

Il ne s’agit pas ici de revenir en détail sur cette impressionnante liste de faits qui ont émaillé la chronique estivale, et pour lesquels la question posée n’est pas tant celle de la présomption d’innocence que celle de l’exemplarité. Cette actualité révèle quelque chose de symptomatique quant à la défiance croissante et de plus en plus affichée par les responsables politiques – président de la République et ministres régaliens compris – quant aux implications du discours sur l’exemplarité en politique.

La déontologie politique et la morale civique ne se résument pas au respect de l’Etat de droit. C’est précisément cette exigence métajuridique qui a tant de mal à être intégrée dans la culture politique des acteurs de la Ve République. C’est le cœur du problème : au-delà des règles, c’est une façon de penser, et de se concevoir, en tant que représentant et responsable politique (qui doit donc « rendre compte »), qui…

Image : Portrait de « l’Incorruptible » Robespierre

Auteur : Nabli Béligh
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