Exposition alimentaire au plastique, méfions-nous des fausses solutions de remplacement

La pollution plastique est omniprésente dans nos environnements, y compris nos lieux de vie et de travail. Et elle est désormais largement médiatisée, notamment à travers des reportages rapportant la contamination des océans par des macroplastiques.

Les images frappantes de cette pollution peuvent paraître loin de nous, mais elles ne doivent pas occulter qu’en lien avec cette pollution médiatisée, une autre contamination, invisible, existe et affecte l’être humain et les écosystèmes : celle des microplastiques et des nanoplastiques.

Cette contamination provient de l’érosion des macroplastiques qui conduit à la formation de particules plus petites. Dans la littérature scientifique, les microplastiques sont souvent définis comme des particules dont les tailles ou dimensions ne dépassent pas 5 mm, sans limite inférieure définie.

Pour les nanoplastiques, celles-ci ne doivent pas être supérieures à 0,1 micron soit 1/10000e de millimètres. De manière assez instinctive, il était facile d’anticiper que les particules les plus petites puissent pénétrer dans les organismes, mais cette démonstration n’avait jamais été faite jusqu’à récemment.

Des microplastiques dans le sang humain

En 2022, une étude entreprise par plusieurs équipes néerlandaises a démontré pour la première fois la présence de microplastiques dans le sang humain de 22 volontaires sains à une concentration moyenne de 1,6 mg/L.

Cette détection concerne des plastiques de nature très différente : le polyéthylène téréphtalate (PET), qui compose par exemple les bouteilles d’eau, le polyéthylène, utilisé pour produire des contenants alimentaires, et le polystyrène, employé pour emballer les produits frais et pour les pots de yaourt par exemple.

Il est à noter que l’étude s’est uniquement focalisée sur des particules dont la taille est supérieure à 700 nm et qu’aucune information n’est encore disponible pour les particules de taille inférieure, dont de nombreuses formes de nanoplastiques.

Microplastics detected in human blood for the very first time (Down to Earth, 25 mars 2022).

Des effets sanitaires chez l’animal

Si aucun effet sur la santé chez l’être humain n’est associé à ces observations dans cette étude, des travaux menés chez l’animal ou à l’aide de modèles cellulaires (pour certains, humains) rapportent de nombreux effets biologiques des microplastiques dont des lésions cellulaires, un stress oxydant ou des dommages à l’ADN.

Ces effets pourraient être liés aux microplastiques eux-mêmes, mais aussi à des substances véhiculées par ceux-ci, les microplastiques servant alors de vecteurs. Certaines de ces substances rentrent dans la composition même de certains plastiques, comme des bisphénols ou des phtalates.

Globalement, cette contamination peut se traduire par des processus inflammatoires ou fibrosants, effets déjà observés chez l’être humain via d’autres voies d’entrée telles que les voies aériennes avec le poumon comme cible chez les travailleurs de l’industrie plastique.

Migration dans l’aliment ou la boisson

Comment expliquer cette contamination de volontaires sains ? Elle provient tout simplement de la chaîne alimentaire, bien que cette voie d’exposition aux microplastiques soit encore difficile à caractériser ou à quantifier avec des résultats extrêmement variables allant de 0,2 mg par an à 0,1-5 g par semaine.

De très nombreuses études (plus de 1000) démontrent toutefois clairement une migration dans l’aliment ou la boisson de plusieurs molécules depuis les plastiques à leur contact. C’est le cas par exemple des bouteilles de sport réutilisables en plastique qui relarguent de très nombreux composés, d’autant plus que ces contenants sont lavés au lave-vaisselle.

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Une manière efficace de prévenir les risques que pourrait représenter la présence de microplastiques et de nanoplastiques pour notre santé serait de réduire les expositions, en particulier au niveau du bol alimentaire. Une évolution des pratiques à l’échelle de chaque consommateur est essentielle, notamment pour les organismes les plus vulnérables comme les…

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Auteur: Xavier Coumoul, Professor of Toxicology and Biochemistry, Université Paris Cité