Extinction des feux : pour une véritable planification écologique de l’éclairage nocturne

Depuis quelques semaines, l’éclairage nocturne fait l’objet de nombreux débats politiques et médiatiques. Avec l’augmentation actuelle du prix de l’énergie, la sobriété (re)devient un enjeu de souveraineté nationale. En particulier, l’éclairage des monuments, purement esthétique, est de plus en plus jugé superflu.

De même, les vitrines, enseignes et publicités allumées toute la nuit choquent de plus en plus de citoyens à qui l’on demande en parallèle de faire des sacrifices. En réponse, plusieurs grands groupes ont par exemple annoncé dernièrement s’engager à éteindre les enseignes.

Les débats cherchent alors à identifier les éclairages les plus énergivores, dont l’extinction engendrerait le plus d’économie énergétique et financière. C’est ainsi que l’on apprend que l’extinction des publicités n’apporterait pas une économie substantielle, de même que celle des terrains de sport pour les matchs nocturnes.

Malheureusement, la biodiversité – à l’instar de la santé humaine – est rarement évoquée dans ces calculs. Pourtant, nous partageons l’espace-temps nocturne avec le reste du vivant et en prendre conscience ferait inévitablement pencher la balance en faveur d’une réduction des éclairages. On se souvient par exemple de l’arrivée massive de papillons de nuit au Stade de France lors d’un match nocturne de juillet 2016, très probablement attirés et piégés par cet éclairage artificiel pendant leur migration entre l’Afrique du Nord et le sud de l’Europe.

Le quartier de la Défense et ses innombrables bureaux allumés la nuit.
Romain Sordello, Fourni par l’auteur

L’éclairage nocturne, déjà encadré depuis 10 ans en France

Rappelons tout d’abord qu’une règlementation existe en France sur l’éclairage nocturne depuis déjà une dizaine d’années.

Ainsi, les vitrines, les monuments et les bureaux doivent être éteints entre 1h et 7h du matin (ou 1h après la fermeture et jusqu’à 1h avant l’ouverture) depuis juillet 2013. Il en va de même des publicités, enseignes et pré-enseignes lumineuses dont l’extinction est obligatoire entre 1h et 6h du matin depuis juillet 2012. Ce 5 octobre 2022, un nouveau décret (n° 2022-1294) a été publié supprimant la dérogation qui existait jusqu’ici pour les unités urbaines de plus de 800 000 habitants où la règle était alors fixée par un règlement local de publicité. Cela concerne donc 7 unités urbaines (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nice). Les gares et aéroports restent exemptés, de même que les publicités à éclairage fixe dans le mobilier urbain pendant la durée du service.

La façade illuminée de l’Hôtel de Ville de Caen.
Romain Sordello, Fourni par l’auteur

Cette règlementation,…

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Auteur: Romain Sordello, Ingénieur expert biodiversité, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)