Voilà plusieurs années que les éditions Abrüpt nous font le plaisir de mettre en relief des textes puissants et justes, poétiques et subversifs, qui se déploient comme autant d’invitations à réenchanter nos manières de dire et voir le monde. Extinction Piscine, le deuxième numéro de Vole ce livre, est disponible ici, avec un super visuel d’une métropole submergée sur fond fuchsia ou, un peu plus sobrement, ici.
Extinction Piscine, parle d’effondrement, social et climatique. Rien de nouveau sous le soleil, diront certains, sauf qu’en plus de le faire sous forme de textes à la fois sincères, quotidiens et bien véner, il y mettent aussi des performances vidéo qui détournent le langage TikTok/Instagram, dont certaines seront jouées au théâtre à partir de septembre (à Genève tout d’abord).
Ce chapitre, le 11e du recueil, parle de la peste en Norvège au XIVe siècle, et décline la notion d’allemannsretten ou « liberté d’errer ».
novembre 1340
281.07 ppm de CO2
et les insectes infectés
courent sur les rats
qui courent sur les pavés
du jeune 14e siècle
nos matelas ont dérivé
jusque dans les eaux territoriales
du port de Catane
de là où on est
l’agitation du vivant est perceptible
à la quantité de marchandises
qu’il empile
l’échange réinvente sans cesse
de nouvelles manières
de se rendre meurtrier
cette année-là
les flottes marchandes de Gênes
importent en Sicile
quelques rats malades
on n’imagine pas encore
que la peste noire
deviendra « la mort noire »
et tuera
près d’un tiers de l’Europe
alors que les premiers bubons
explosent sur des cadavres italiens
la nouvelle de l’infection se propage
comme une épidémie
et bientôt l’infection
devient pandémie
tout tremble autour de nous
le siècle a la peau qui frissonne
les royaumes réagissent
ils mettent en place
des procédures de quarantaine
bouclent les…
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Auteur: dev