Extrême droite : comment Giorgia Meloni s'en prend à la constitution italienne

« Je ne peux pas et je ne veux pas me taire. » Liliana Segre, lunettes sur le bout du nez, enfoncée dans son large siège du Sénat italien, se concentre pour lire son texte à l’assemblée. L’élue de 93 ans, victime des lois fascistes des années 1930 et rescapée de la Shoah, a été nommée sénatrice à vie en 2018 par le président de la République italienne. Ce 14 mai 2024, feuilles A4 entre ses mains légèrement tremblantes, elle s’exprime contre le projet de réforme constitutionnelle voulu par la présidente du Conseil italien, la politicienne d’extrême droite Giorgia Meloni.

Un mois plus tard, cette même assemblée où ont résonné les paroles de la survivante du camp d’Auschwitz-Birkenau, a approuvé le projet de loi de réforme constitutionnelle – surnommé « premierato » en italien. S’il est adopté, le texte renforcera le pouvoir du ou de la Présidente du conseil des ministres italien et instituera son élection au suffrage universel direct. Jusqu’à présent, le ou la cheffe du gouvernement italien est nommé par le Président de la République en fonction du parti ou de la coalition qui a la majorité au Parlement italien.

Une « réforme qui rompt avec l’antifascisme »

Le 18 juin dernier, jour du vote, 180 constitutionnalistes italiens ont publié une tribune inquiète. Ses signataires affirment adhérer pleinement au discours de Liliana Segre. « Notre Constitution est un texte qui doit être traité avec précaution », écrivent-ils. Il n’est pas fréquent pour les juristes italiens de s’exprimer par de tels appels publics, rappellent-ils, mais l’heure est grave.

Liliana Segre et Sergio Mattarella

Le président de la République italienne et la survivante des camps nazis, nommée sénatrice à vie par le chef de l’État.

« Le Parlement risquerait de ne plus représenter le pays et de devenir une simple structure de service du gouvernement, détruisant ainsi la…

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Auteur: Emma Bougerol