Face à la montée des eaux, s'adapter plutôt que bétonner

[3/4 Une montée des eaux critique] Déjà affectés par l’élévation du niveau de la mer, les littoraux français doivent s’attendre à pire. Quelles sont les zones les plus à risque ? Que projettent les scientifiques ? Comment la France s’y prépare-t-elle ?

Volet 1 : Hauts-de-France, Lacanau, Camargue… la montée des eaux devient critique
Volet 2 : Montée des eaux en France : les prévisions alarmantes des scientifiques
Volet 3 : Montée des eaux : un repli inévitable mais des outils juridiques introuvables


Et si, au lieu de protéger nos côtes avec des digues en béton, nous laissions la mer entrer et composions avec l’environnement ? Clairement, cette option n’est pour l’instant que très rarement envisagée. Les communes n’ont pas les moyens juridiques et financiers pour envisager de relocaliser les installations et sont souvent dans des logiques d’urbanisation tout autres.

La réflexion sur le sujet existe pourtant en France, notamment via le Conservatoire du littoral, dont la mission est d’acquérir des terrains pour les préserver et accueillir du public, en collaboration avec des collectivités ou associations gestionnaires. « En tant qu’acteur foncier sur les territoires, nous pouvons accompagner la mise en place d’une gestion souple du trait de côte [l’interface entre la terre et la mer], qui consiste à accepter que les littoraux redeviennent mobiles tels qu’ils le sont historiquement », dit Anne Martinet, coordinatrice du projet Adapto du programme Life au Conservatoire du littoral.

Cette démarche est expérimentée depuis 2017 sur dix sites français, avec l’objectif de « valoriser le rôle des espaces naturels qui peuvent servir de zone tampon face aux aléas d’érosionet de submersion », explique-t-elle. Il s’agit généralement de « dépoldériser », c’est-à-dire de reconnecter à la mer des terrains précédemment gagnés sur celle-ci, ou encore de restaurer des dunes et leur laisser de la place pour rouler sur elles-mêmes.

Dans la baie de Lancieux (Bretagne) par exemple, plutôt que de réparer une digue ébréchée, on va préparer le territoire à l’arrivée d’eau de mer dans des polders agricoles. Il faudra déplacer des activités d’élevage, des routes et des infrastructures. La zone reconnectée à la mer devrait évoluer petit à petit en prés salés. « Les prés salés sont des habitats d’une grande richesse écologique, devenus rares sur le littoral français : ils captent du carbone, servent de refuge et nourrissent les poissons,…

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Auteur: Héloïse Leussier Reporterre