Face à l'horreur : raison contre sentiments ?

Le 7 octobre 2023 intègre la liste de ces moments durant lesquels l’événement surgit monstrueusement. Nous sommes alors submergés, saturés, harassés. Face à l’horreur, nous sentons bien que nous ne pouvons nous contenter de répéter des formules, auxquelles nous adhérons habituellement de tout cœur : dans l’instant, elles paraissent sonner comme des mantras abstraits et creux. Mais nous ressentons aussi que, plus que jamais, nous devons nous arrimer, tenir ferme sur nos ancres, pour ne pas nous laisser dériver vers les récifs noirs.

Et puis nous regardons nos camarades. Certains cèdent à l’émotion. Toute tentative de raisonner avec eux nous renvoie hors de leur humanité. Expliquer, contextualiser, ce serait légitimer. D’autres, au contraire, se cantonnent à des analyses que nous pouvons partager, mais ils semblent incapables d’éprouver la moindre compassion ou, du moins, incapables d’en exprimer. C’est alors le trouble. Nous ne pouvons nous empêcher de nous demander ce que nous avons de commun avec ces âmes sans pitié, ne laissant subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt politique, les dures exigences des logiques d’appareil, qui noient l’enthousiasme militant dans les eaux glacées du calcul égoïste.

Quelle utopie révolutionnaire pouvons-nous partager avec eux, si la vie et la dignité humaine leur semblent avoir si peu de prix ?
Ces contradictions, hélas, nous les vivons régulièrement. Cette fracture, au sein de nos réseaux militants, elle est réactivée à chaque séisme. Doit-on s’y résigner ? Ne peut-on espérer dépasser ces contradictions et lier raison et sentiments ?

Sagesse et philosophie

Cette opposition entre raison et sentiments est nichée au cœur même des prémices de la pensée occidentale. Nous l’avons tous ici reçue en legs, sous une forme ou une autre. Aux premiers sages antiques, qui…

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Auteur: dev