Face à l'urgence climatique, la voie de la permaculture

La planète se réchauffe et le pétrole se fait rare : partant de ce constat, qui n’est pas des plus optimistes, il n’y aurait, à en croire un ingénieur qui a le vent en poupe ces mois-ci, pas trente-six solutions. Dans Un monde sans fin, succès éditorial (plus de 600 000 exemplaires vendus) mis en dessins par Christophe Blain, le polytechnicien Jean-Marc Jancovici explique que la situation actuelle nous force à considérer l’option nucléaire comme un parachute pour amortir la descente énergétique. Et qu’il n’y a pas d’autre scénario possible. Une assertion — discutée — qui mériterait d’être mise en balance avec des livres comme Comment s’orienter ? Permaculture et descente énergétique (Wildproject, 2023), de David Holmgren.

Le père de la permaculture y explore différents scénarios débarrassés du carcan de la pensée de l’ingénieur. Si la réflexion systémique que développe Holmgren part de la permaculture, c’est parce qu’il ne s’agit pas que d’un ensemble de bonnes pratiques pour mieux faire pousser ses tomates, mais de la pierre de voûte d’un édifice politique qui essaie de se constituer comme alternative crédible au modèle techno-industriel.

L’aventure d’Holmgren commence en 1978 avec le livre Permaculture One, un mémoire de master transformé en livre de référence grâce à l’appui de son professeur de l’époque, Bill Mollison. Le concept de permaculture, qui désigne alors « un système évolutif et intégré d’autoperpétuation d’espèces végétales et animales utiles à l’homme », fait mouche, et crée de nombreux adeptes à travers le globe. Mais si Mollison en devient le porte-voix et multiplie les interventions publiques, David Holmgren continue son chemin plus prosaïquement dans sa ferme de Melliodora, dans son Australie natale, où il répartit son temps entre les champs et la bibliothèque.

En 2008, Holmgren publie Future Scenarios. How communities can adapt to peak oil and climate change, matière centrale du livre proposé cette année en français par Wildproject. Holmgren y dessine quatre scénarios pour le futur, qui dépendent de deux facteurs : la vitesse du réchauffement climatique, et celle de la descente énergétique (à savoir, la difficulté que nous aurons à nous procurer de l’énergie). Ces scénarios ne sont pas mutuellement exclusifs : Holmgren prévient qu’une situation peut se produire dans une certaine partie du monde tandis que l’exact inverse se produirait de l’autre côté d’une frontière ou d’un océan.

« Des intendants de la Terre »

Un premier scénario est celui qu’il appelle « Green Tech » : il se place dans un cadre où le changement climatique, tout comme le déclin du pétrole, seraient…

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Auteur: Nicolas Celnik Reporterre