Depuis plusieurs années, en France comme ailleurs, l’enseignement supérieur est questionné sur son rôle et ses responsabilités dans les crises socio-environnementales actuelles. En réponse, de nombreuses recherches et initiatives ont émergé visant à mieux intégrer dans les différents cursus les principes et les objectifs du développement durable, en particulier depuis L’Initiative de l’Enseignement supérieur pour le Développement durable (HESI) lancée en marge de la Conférence Rio+20 des Nations unies.
Mais malgré la prise en compte croissante de ces enjeux à travers des parcours, des cours ou des séances spécifiques sur l’éthique ou le développement durable, des activités de sensibilisation, telles la Fresque du Climat ou celle du Numérique, ou encore des test d’évaluation comme le Sulitest, la pression s’accroit sur les établissements d’enseignement supérieur, en particulier en ingénierie et en management.
Le Manifeste Étudiant pour un réveil écologique lancé en 2018, ou encore les très récents appels à bifurquer ou à se rebeller montrent que, malgré des efforts certains, les jeunes estiment que les cursus continuent à perpétuer le modèle dominant ayant conduit aux crises complexes actuelles et à venir.
3 questions au Manifeste étudiant pour un réveil écologique (L’Étudiant, 2019).
Il faut reconnaitre que cette approche intégrative – ajout d’un cours ou d’une session quand les programmes, déjà bien remplis, le permettent – reste contradictoire et crée de la confusion en diffusant des injonctions paradoxales entre les cours restés inchangés et les nouvelles activités pédagogiques, sans pour autant former à gérer ces contradictions.
Il conviendrait donc d’aller au-delà, en engageant les cursus dans une approche transformative. Ne plus intégrer le développement durable en ingénierie ou en management, mais plutôt enseigner l’ingénierie et le management pour le développement durable. C’est en transformant les programmes en profondeur que chaque étudiant et étudiante aura les connaissances et les compétences nécessaires pour être des acteurs et actrices responsables et engagé·e·s dans les transitions à venir, tant personnellement que professionnellement.
Quelles compétences intégrer ?
Face à ce constat, un trouble et une fébrilité semblent saisir le monde de l’enseignement supérieur. Comment transformer les cursus ? Doit-on tout déconstruire ? Quelles compétences intégrer ? En France, de récentes initiatives d’envergure abordent ces questions, comme le groupe de travail présidé par Jean Jouzel dont le rapport a été remis au gouvernement en février 2022, ou encore le Shift Project et leur projet ClimatSup Business.
[Plus de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les…
La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Yoann Guntzburger, Professeur en management, SKEMA Business School