Face au capitalisme, le réformisme ne fait pas le poids


Stéphane Troussel est le directeur du département de Seine-Saint-Denis. Enfant de parents communistes, il est cependant marqué par l’élection de Mitterrand et se convertit une fois adulte au socialisme. Lui-même élevé à Saint-Denis, il est sans aucun doute profondément attaché à ce territoire et à son avenir. Un lien sincère dont il a décidé de témoigner dans un entretien avec Madani Cheurfa, qui vient d’être publié aux éditions de L’Aube : Seine-Saint-Denis, la République au défi. Au fil des presque 200 pages d’échanges, ses propos reflètent sans ambiguïté une conscience profonde des enjeux passés, en cours et à venir dans le 93, avec une bienveillance et une empathie qu’il est difficile de lui retirer. Or, bien qu’on puisse aisément lui accorder de nombreuses fulgurances, sa persistance quasi-nostalgique à conclure par un réformisme adaptatif et désuet face à un capitalisme structurel de plus en plus violent et à une urgence environnementale de plus en plus imminente empêche définitivement l’ensemble de décoller. Lecture critique. 

Du communisme au socialisme 

La toute première partie de l’entretien suit deux histoires, la petite et la grande : celle de Stéphane Troussel enfant, et celle du communisme de la Seine-Saint-Denis sur fond d’élection présidentielle, avec la victoire de Mitterrand en mai 1981 qui hissait le Parti socialiste de l’époque au pouvoir. 

Dans les rues, après la victoire de François Mitterrand aux élections présidentielles, le 10 mai 1981. @MissMédia/Flickr

D’un talent narratif indéniable, le directeur départemental a l’avantage de nous immerger facilement dans cette ambiance festive de l’avant 2000, où la France croyait encore majoritairement au pouvoir citoyen du scrutin et à la représentativité électorale. Depuis, les scandales répétés et – heureusement – révélés, ont eu raison de la confiance d’une grande partie des votants. Et un vent de décrochage – au profit de réjouissantes luttes citoyennes apartisanes certes, mais aussi d’un certain cynisme individualiste et apathique – a doucement soufflé sur l’élection de Sarkozy en 2007 et s’est, depuis, largement déployé, jusqu’à prédominer en 2022.   

Aussi, Stéphane Troussel revient-t-il depuis l’intérieur sur cet épisode de croyance collective et populaire en l’avenir de la gauche, d’une certaine gauche en laquelle il déclare continuer de garder espoir. Une gauche dont il refuse, précise-t-il également, de reconnaître deux identités distinctes,…

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Auteur: Victoria Berni