Face au mépris suscité par l'activisme écologiste, « que les musées expriment leur effroi devant l'avenir »

Depuis plusieurs mois, une forme d’activisme écologiste utilise les musées comme moyens d’interpellation du public, en aspergeant les vitres de protection de peintures célèbres de soupe ou de sauce tomate, sans aucunement endommager ces œuvres. Cet activisme a suscité plus d’ironie ou de mépris que de tentatives de compréhension. Dans les médias et sur les réseaux sociaux déferlent des commentaires qui ne font pas dans la nuance : ces jeunes activistes du climat seraient iconoclastes, irresponsables, stupides, ils se tromperaient de cible, seraient incapables de rallier qui que ce soit à leur cause, leur communication serait incompréhensible, et leur « radicalité » rebuterait le public. On les qualifie même, sans rire ni honte, d’écoterroristes !

Igor Babou (en haut), Serge Chaumier (à gauche), Joëlle Le Marec (à droite) et François Mairesse (au centre) sont enseignants-chercheurs. Les musées et le patrimoine font partie de leurs domaines de recherche, d’enseignement universitaire, ou de pratique.

Si nous nous exprimons ici, c’est parce que nous sommes directement concerné·e·s par les musées et le patrimoine : il s’agit de nos domaines de recherche, d’enseignement universitaire, ou de pratique. Nous réfléchissons au quotidien sur les musées et le patrimoine, et certain·e·s d’entre nous ont travaillé dans des musées avant d’opter pour des carrières universitaires.

Autrement dit, les musées sont des institutions auxquelles nous sommes attaché·e·s et sensibles. Mais nous sommes tout autant concerné·e·s par les problèmes d’environnement et par les mobilisations écologistes, qui font partie de nos thèmes de recherche et d’enseignement. Nous nous situons donc à l’articulation des réflexions sur la nature et sur la culture, que nous nous refusons à opposer.

L’activisme écologiste dans les musées nous touche et nous interroge. Car il s’agit de jeunes gens qui ont toutes les raisons d’être inquiet·e·s ou désespéré.e·s face au cynisme ou à l’incompétence des politiques. Nous-mêmes, sans avoir des perspectives aussi bouchées, étant plus âgés, ressentons une profonde inquiétude concernant l’avenir et le vivant, une frustration face à toutes les échéances ratées depuis les premiers rapports du Giec ou de l’IPBES, et une colère quand nous constatons que la principale réponse politique à ces enjeux est celle de la répression.

« Nous déclarons être solidaires de cette jeunesse et de la justesse de ses actions »

À ceux qui…

La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: François Mairesse, Igor Babou, Joëlle Le Marec, Serge Chaumier