Chercher les yeux face à moi
Verre fumé relevé, certains ont retiré leur masque
On se regarde, je sais pourquoi je suis là.
Peut-être que eux ne le savent pas, peut-être que si.
Il y a un espace vide entre nos corps.
Un duo s’y fait un câlin
D’autres discourent en diplomates, orateurs ou en colère
Les caméras greffées dans les mains des médias et des flics
Entre nous il y a ce vide dont je ne sais que faire.
Si ce n’est d’y être et de regarder à la marge.
Je reviens aux visages découverts, tente de m’y attarder
De prêter une attention aux humains plus qu’aux armures
Quelques sourires, pas francs ni moqueurs
Mais avenants, aussi pour la photo.
Je souris à mon tour ni franche ni moqueuse.
Jeune, très jeunes m’étais-je dit il y a longtemps
« Ils les prennent au berceau ! » me parvient l’exclamation lointaine
Le constat est partagé encore et encore parmi nous.
Un étonnement mêlé de peine et d’incompréhension
L’insignifiant « ACAB ou not all (pas tous) » attendra.
Face à face grotesque entre les gens ordinaires
Nous en connaissons tous : flics et militant.e.s, enfants d’amis, collègues ou ami.e.s d’ami.e.s
Je crois comprendre : rien qu’un an, l’ordre et le cadre, une carrière, la sécurité.
Nullement allégée par l’explication mentale, il reste la peine.
La tristesse de ce qui ne devrait pas être.
Des gardiens de la paix transformés en forces de l’ordre
Car pour certains, l’ordre est forcé, à arracher.
Et les moutons seront bien gardés.
« Carapuce » drôle de mot tiré d’un jeu auquel je n’ai pas joué surgit.
Virtuelle, irréelle, la sensation d’une blague de mauvais goût.
Un chef pour trois carapuces
Il tapote l’épaule des petits souriants
L’échange est muet
Ils remettent l’équipement en place et cachent leur visage adolescent
Le couple danse lentement, un homme a des gestes courroucés
Ils chargent. Ca charge !
Un cri sort de ma gorge, réflexe de…
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Auteur: dev