De fausses plantes et une dizaine de mangues factices colorent la lumière blanche des néons de la pièce. Ce n’est pas pour la déco qu’on vient au centre d’animation du quartier prioritaire des Aubiers, au nord de Bordeaux. Mais pour trouver une oreille attentive auprès d’Iris Messemanne, écrivain public juriste à l’association bordelaise Atelier Graphite.
Elle y tient une permanence. Eli Eye Taleb, originaire de Cadiz en Espagne, est son dernier rendez-vous du matin. L’homme évoque une « demande de retraite » et un travail dans l’agriculture en France. En moins d’une minute, la salariée de l’association a compris la situation. Il n’y a pas de temps à perdre : les rendez-vous durent une demi-heure.
Sonia, 78 ans, handicapée, veut changer de service d’auxiliaire de vie. Iris Messemanne tape son courrier à destination du département.
©Timothée Buisson
« Vous avez un compte Ameli ? » Il fait non de la tête. « La MSA ? » « Si ! » réagit-il. « Je peux faire le dossier sur internet alors, parfait », reprend la conseillère. L’homme de 67 ans est arrivé en France il y a trois ans pour travailler dans les vignes bordelaises. Il voudrait aujourd’hui demander le minimum vieillesse.
Après quelques minutes, l’écrivain public tique : « Vous avez fait une demande Aspa [allocation de solidarité aux personnes âgées, ndlr] ou une demande de retraite unique ? » « J’ai rien compris à ça », admet Eli Eye Taleb. Sauf que sans demande de retraite générale au préalable, la demande d’Aspa ne débouchera sur rien.
Iris Messemanne réfléchit à la procédure la plus efficace pour aider Malamine à récupérer son permis de conduire.
©Timothée Buisson
« On a trente demandes de rendez-vous tous les jours »
Iris Messemanne veut vérifier. « Ça ne vous embête pas si j’appelle la MSA pour savoir s’ils ont un dossier de retraite à votre nom ? » La…
Auteur: Nicolas Beublet, Timothée Buisson