Facebook se délite en modérant ses "élites".

La nouvelle est tombée suite à une enquête du Wall Street Journal : selon que vous serez, puissant ou misérable, la modération de Facebook vous rendra blanc ou noir. 

Le Wall Street Journal est parvenu à documenter ce que beaucoup d’observateurs (dont votre humble serviteur) expliquaient depuis des années mais sans pouvoir le « prouver », il existe des comptes VIP qui sont protégés des affres classiques de la modération humaine et algorithmique et qui, du simple fait de leur notoriété, bénéficient d’un traitement de faveur leur permettant d’enfreindre les règles de la plateforme sans craindre de souci, de censure, de blocage ou de suspension. 

De Neymar à « Doug le Carlin » : une certaine idée des « élites ». (Montage récupéré dans l’article du WSJ)

Quand je dis que tout le monde s’en doutait, c’est d’abord parce qu’il n’existe pas et il n’a jamais existé de régime médiatique, a fortiori hyper-centralisé (et Facebook en est l’archétype) qui traite ses intervenants sans considération de leur statut et de leur fonction sociale, et donc de leur notoriété.

Il n’existe que deux exemples d’une égalité stricte de parole dans l’histoire de l’humanité : celui de l’isegoria grecque (mais qui là encore ne concernait pas tous les citoyens) et celui du web des années 1989 (naissance officielle) à 1998 (arrivée de Google) où, comme l’expliquait alors Benjamin Bayart, « l’imprimerie avait permis au peuple de lire, internet va lui permettre d’écrire« . Mais là encore, tous et toutes n’avaient pas accès à internet et au web.

Alors quand on apprend que Facebook « triche » et modère différemment les comptes de personnalités (nous y reviendrons en détail) et quand je dis que tout le monde s’en doutait et l’expliquait, c’est par exemple le cas, pour rester sur deux exemples récents, des « erreurs » commises et corrigées lors de la suppression du compote Instagram d’Eric Zemmour ou de celui du prochain film d’Almodovar à cause de son affiche représentant un sein féminin.

Il était évident que s’il ne s’était pas agi de « personnalités », les suppressions et blocages perdureraient toujours. Toute l’histoire des grandes plateformes sociales et des moteurs de recherche est jalonnée d’épisodes, d’anecdotes et parfois de drames qui actent et documentent le régime d’arbitraire le plus souvent total qui y prévaut. Un arbitraire que les différentes tentatives de régulation – des états ou des plateformes elles-mêmes – peinent à circonscrire efficacement et durablement

Dans la VIP Room de Facebook.

Le Wall Street Journal…

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Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid