Fang Fang, une accusatrice à la chinoise

Une dame qui n’est pas Feng Feng devant le lac de Wuhan, 14 septembre 2020 cc0 billow926.

Wuhan, capitale du Hubei (Chine) où est né le Covid. Wuhan, la première ville au monde à avoir été totalement confinée avec ses neuf millions d’habitants cadenassés chez eux pendant 76 jours. L’une de ses habitantes a tenu un journal quotidien, presque jusqu’au bout. Pas n’importe quelle Wuhanaise mais une romancière, Fang Fang, l’écrivaine des laissés-pour-compte de l’histoire, comme dans ces Funérailles molles, un formidable roman sur fond de Grand bond en avant (1958-1960) et de réforme agraire (L’Asiathèque, Paris, 2019). Le 25 janvier 2020, elle s’installe devant son clavier pour dire « la catastrophe qui vient de s’abattre sur Wuhan » et publie chaque jour son billet sur Weibo, l’équivalent chinois de Facebook. Cela lui vaut insultes, menaces et même parfois censure. Mais elle tient bon et reste très populaire car elle dit tout haut et avec talent, ce que beaucoup pensent tout bas.

De la panique à la colère

Lire aussi Carine Milcent, « Pourquoi il faut se méfier des chiffres chinois sur le coronavirus », Le Monde diplomatique, juin 2020.

Fang Fang confirme le chaos du début, les morts, la pénurie de masques, les files d’attente à l’hôpital, les mensonges officiels, l’autoritarisme de fonctionnaires imbus de leur pouvoir et imperméables à toute humanité, mais aussi le soulagement quand Pékin prend les choses en main : « la panique, l’impuissance et l’angoisse sont désormais derrière nous », écrit-elle alors. Elle souligne également la solidarité, notamment celle des jeunes « qui s’organisent en équipes via WeChat » pour aider, alors qu’hier « nous craignions que [cette] génération ne s’intéresse qu’au profit », la résistance à la maladie et aux consignes absurdes… jusqu’à la beauté d’une matinée ensoleillée.

Écrivaine…

Auteur: Martine Bulard
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