Franz Fanon est mort, et enterré. Les vers ont mangé sa chair.
Si sa mémoire est encore vive, réjouissons-nous.
Ayons une pensée pour ces vers, en ce printemps qui voit tout le vivant reverdir.
Fanon a exploré les profondeurs. En tant que psychiatre bien sûr, il a sondé les tréfonds des traumas d’une époque qui niait les ravages de la colonisation. Une époque qui, elle, ne semble pas vouloir mourir.
Edouard Glissant était un camarade de lutte de Fanon à Paris. Avec Aimé Césaire, ces trois martiniquais ont révolutionné le monde des idées. Ils sont le triangle des Bermudes d’une nouvelle géographie du monde.
Si Edouard Glissant a été un acteur majeur de la mémoire coloniale et le penseur de la « créolisation », il est par le tremblement de sa pensée volcanique, d’une plus brûlante actualité encore, car sa philosophie animiste est en phase avec les enjeux écologiques.
A la suite de Deleuze et Guattari – encore un psy – il a développé l’idée d’une pensée-rhizome : alors que la racine unique se développe aux dépends des autres, le rhizome coexiste pacifiquement avec le reste du biotope. Polymorphe, il ne connaît ni centre, ni hiérarchie.
La spirale est aussi un signe important pour Glissant – il en dessinait de partout – comme pour Baudrillard, qui l’associe à la pensée même.
Dans la tradition mésopotamienne, les intestins représentaient le labyrinthe qui symbolise aussi bien l’ordre que les circonvolutions de la nature et le monde de l’inconscient.
Edouard Glissant nous dit que « l’utopie est ce qui manque dans le monde ». Lui a toujours été passionné par le surréalisme et la poésie, nous questionne aujourd’hui : comment réenchanter ce monde ? Où est la poésie ?
Nietzsche, que Glissant admirait tant, dirait qu’il nous manque certainement un grain de folie, un peu de Dionysos.
Tandis qu’Apollon butait le Python, Dionysos a longtemps présidé aux rites de…
Auteur: dev