Far West à la Cour des Miracles

Jeudi dernier, dans la soirée, deuxième arrondissement de Paris. Un responsable d’une agence de sécurité escalade une gouttière pour frapper les occupants d’un bâtiment du deuxième arrondissement de Paris. Un policier observe tranquillement un agent de SYS Security coincer une jeune femme sous son genou.

Ce qui aurait pu n’être qu’une énième et regrettable opération de police pour déloger des squatteurs s’est révélé être un spectacle plutôt original.

En effet, rue des Forges, pendant plusieurs heures, un mélange de passants, de touristes, de journalistes de Libé et de jeunes parisiens venus porter soutien aux habitants du lieu ont dû évoluer péniblement autour du bâtiment, essuyant tentatives d’intimidations, menaces et gaz au poivre.

Vous n’y étiez pas ? Heureusement, notre reporter Bobby la Roquette traînait par là : il nous présente le décor, les personnages, et nous raconte la confusion qui a pu régner ce soir-là dans un quartier du centre de la capitale, qui pourront rappeler à nos lecteurs certains évènements de 2016, place de la Contrescarpe…

Avant qu’elle ne soit détruite à la fin du XVIIe siècle, la fameuse Cour des Miracles se situait en plein cœur du deuxième arrondissement, là où se trouvent actuellement les rues des Forges et de Damiette. Zone de non-droits, elle servait de repère aux voleurs, mendiants et autres vagabonds. Elle a offert un miroir sombre à la cathédrale parisienne pour Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris, et possédait son roi, sa langue, son école : les membres de l’Argot (nom originel de la corporation des gueux) y organisaient une caricature de l’Ancien Régime, ses hiérarchies et son système de courtisans.

Désormais, des touristes s’y promènent en songeant avec romantisme aux Archisuppôts, Cagoux, Coquillarts, et autres Malingreux qui y enseignaient les combines du vol et de la mendicité. Mais ce jeudi 3 novembre, des rubalises rouges et des poubelles en bloquent l’accès. Aucun arrêté préfectoral officiel ne vient pourtant en interdire le passage. La décision a été prise par un groupe de sécurité privée. Ils sont une dizaine, habillés en noir et masqués. Un chien est posté devant le numéro 2 de la rue de Damiette. La porte est fermée. Derrière elle, cinq membres du collectif de squatteurs à buts socio-culturels la Super Cour des Miracles occupent le lieu depuis presque un mois. Sans droit ni titre, ils ont réquisitionné ce bâtiment vide depuis au moins deux ans pour y loger des précaires, des artistes, des…

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Auteur: lundimatin