Il y a un grand appel à l’ordre sous le ciel, la situation est loin d’être excellente. Le « signifiant vide » est un signifiant flottant qui prend son importance à tel moment précis et agrège les colères. Ça peut être l’augmentation du prix de l’essence, ça peut-être ceci ou cela. Autour du signifiant vide peut s’enclencher une « fête ontologique ». Mais il est difficile à entrevoir comment construire une contre-hégémonie par rapport à ceux qui nous gouvernent et détruisent nos vies.
Les gens et les dynamiques de peuple se rassemblent autour d’un « quelque chose » qui met le feu mais dans des orientations idéologiques complètement différentes, voire opposées, au sein même de ce quelque chose. « Tous pourris ! », « Qu’ils dégagent ! », « Assez ! ». Sur les places occupées, sur les ronds-points et les allées peuvent se trouver côte à côte des attitudes nationalistes, racistes, féministes libéro-bourgeois, écolo arc-en-ciel, antiracistes queer… bref c’est la fête. Le signifiant vide rassemble mais n’inscrit pas d’orientation. Malgré les grandes explosions populaires de ces dernières années, la bancocratie sans frontières avec ses technocrates continue l’offensive, le champ du désastre se creuse.
« Seul un dieu peut encore nous sauver ». C’est lors d’un interview donné en 1966 et publié en 1976, cinq jours après sa mort, que Heidegger formule cet énoncé. Les journalistes demandent au philosophe des réponses politiques, celui-ci résiste. Il se méfie des régimes existants de démocratie, qu’il situe du côté de la technocratie planétarisée. La technique rend aveugle, mais cette cécité ne provient pas d’un manque, elle est due à une surabondance et à un excès. A l’âge du dispositif technique, de l’artificialisation des sols, de l’abondance informatique, le roi Œdipe a un œil de trop. Heidegger affirme qu’en renouant avec la pensée…
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Auteur: dev
