Faut-il continuer à exposer les momies égyptiennes dans nos musées ?

Pièces maîtresses dans les collections des grands musées, les momies sont perçues aujourd’hui comme des symboles incontournables de l’Égypte antique. Entre fascination et dégoût, elles attirent la curiosité des visiteurs du monde entier.

Pourtant, la question éthique liée à l’exposition de restes humains fait débat. Si cette pratique était considérée, au XIXe siècle, comme un moyen de se cultiver et d’appréhender l’histoire, le monde muséal et les scientifiques s’interrogent aujourd’hui sur son bien-fondé.

Peut-on présenter des restes humains ?

Depuis 1990, aux États-Unis, la loi NAGPRA permet aux tribus amérindiennes et hawaïennes de se voir restituer les restes humains et objets funéraires de leurs ascendants biologiques connus entreposés dans les musées. Cette loi témoigne de l’importance, pour certaines communautés autochotones de « s’approprier leur histoire ».

Leurs descendants étant difficilement identifiables au vu de leur caractère antique, les défunts momifiés d’Égypte ont été longtemps exposés sans provoquer de protestations. Mais comme le rapportait la sociologue Tiffany Jenkins en 2010 : « Les restes humains de tous âges, qui ne font l’objet d’aucune revendication de la part d’un groupe communautaire, sont devenus l’objet de préoccupations concernant leur manipulation, leur exposition et leur stockage, exprimées par certains membres de la profession muséale ».

En 2008, la galerie égyptienne du musée de l’Université Manchester a ainsi recouvert trois de ses momies d’un linceul blanc pour cacher les corps, après avoir reçu de nombreuses plaintes des visiteurs.

Dans un communiqué du 6 mai 2008, le musée indiquait : « Le recouvrement a été effectué afin que les restes humains soient traités avec respect et que les corps exposés restent conformes à la politique du musée de Manchester en matière de restes humains » et un « corps caché est…

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Auteur: Charles Vanthournout, Professeur d’histoire-géographie et Doctorant en égyptomanie américaine, Université de Lorraine