Faut-il sauver “La République” ?

Si “République” désigne originellement un certain type de régime politique, ce terme est devenu, dans la bouche des représentants de la classe dominante, une façon de définir la frontière entre l’acceptable et l’inacceptable, de façon à exclure de la vie politique les gens trop à gauche, trop arabes ou pas assez polis pour supporter le spectacle navrant de nos institutions corrompues et entièrement dédiées aux puissants. Pourtant, le terme reste, à gauche, revendiqué. Alors, faut-il, malgré tout, rester “républicain” et sauver la République ?

“République” c’est le mot que l’on retrouve sur les lèvres de l’ensemble de la classe dirigeante avec des utilisations de plus en plus audacieuses : le ministre de l’Intérieur Darmanin déclarant par exemple à propos des manifestants contre la loi Sécurité Globale ayant brisé des vitrines qu’ils “cassent la république”.  Dans ses utilisations adjectivales, la République réserve aussi bien des surprises. Où l’on apprend, grâce à l’inoubliable Jean-Michel Blanquer, minable ancien ministre de l’Education Nationale, qu’une tenue dite “républicaine” consiste à ne pas mettre de crop top lorsqu’on est une jeune fille (cela pourrait déconcentrer Alain Finkielkraut). Ne pas serrer la main à des nostalgiques de l’Algérie Française et de l’OAS, membres d’un mouvement politique fondé par des pétainistes notoires, c’est manquer de ”respect républicain” (nous dit ce membre des “Jeunes Républicains”). Précédé de l’article défini “les”, “Républicains” peut aussi bien désigner Donald Trump envoyant des milices siphonnées de Qanon envahir le Capitole, ou le nom du parti d’Eric Ciotti. 

Donc qu’est ce que la République ? Est-ce que ce sont des vitrines ? Un style vestimentaire ? Est-ce Mélenchon en personne, comme ce dernier le criait à la face d’un policier, lui aussi dit “républicain” venu perquisitionner de bon matin un des leaders de l’opposition chez lui ? 

Un rapide passage en revue historique de ses utilisations ne nous aidera pas beaucoup. Que peuvent avoir en commun La République de Platon, la République populaire de Chine de Mao Zedong, la République romaine, la République comme voulue par Robespierre, celle dite “sociale” des Communards et celle de la IIIème République qui les massacra ? Mais donc, de quoi parle-t-on, en fait, lorsqu’on parle de “République” ? Ce terme devenu si courant dans la bouche des représentants de la bourgeoisie vaut-il le coup…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag